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Antiténèbres
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  • Histoire des relations entre l'Unesco, Auroville, et la Sri Aurobindo Society (S.A.S.). Histoire de base de plusieurs associations françaises relatives à cette ville et à Sri Aurobindo, la Mère, etc. Autres faits en France, et d'autres choses.
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Suite 1: L'Unesco, Auroville et la S.A.S.

 

Pour lire ce qui précède le chapitre 20, cliquer ici.

 

CHAPITRE 20
AFFIRMATIONS DE « LA MÈRE », MIRRA ALFASSA, SUR AUROVILLE

 

Les citations suivantes proviennent du livre titré Paroles de la Mère I, déjà indiqué plus haut, sauf la dernière.

Aout de l’année numérotée 1966 par tyrannie chrétienne.
P. 207. « L’humanité n’est pas le dernier échelon de la création terrestre. L’évolution continue, et l’homme sera surpassé. À chacun de savoir s’il veut participer à l’avènement de cette espèce nouvelle.
Pour ceux qui sont satisfaits du monde tel qu’il est, Auroville n’a évidemment pas de raison d’être. »
Si l’Unesco n’admet pas l’idée que « L’humanité n’est pas le dernier échelon de la création terrestre », qu’il y aura l’apparition d’une nouvelle sorte d’êtres supérieure à l’actuelle humanité et qu’il est possible de « participer à l’avènement de cette espèce nouvelle », elle n’a pas à soutenir Auroville.
Par ailleurs, les pays partenaires au traité créateur de l’Unesco ne lui donnèrent pas mission d’admettre ces idées et de faire ce qui est indiqué.

1966*.
P. 207. « Nous voudrions faire d’Auroville le berceau du Surhomme. »
C’est à propos d’une sorte d’êtres supérieure à l’espèce humaine actuelle que le mot « Surhomme » est employé.
Même commentaire que le précédent.

20 septembre 1966*.
P. 207. « Auroville doit être au service de la Vérité, par-delà toutes les convictions sociales, politiques et religieuses.
Auroville est l’effort vers la paix, dans la sincérité et la Vérité. »
Le mot « sincérité » désigne, pour chaque individu le voulant, le fait d’agir selon son propre guide intérieur, son psychique.
Le mot « Vérité » désigne le supramental.
Dans le développement « au service de la Vérité », le groupe de mots « par-delà toutes les convictions [...] religieuses » signifie que celles-ci, étant à un niveau inférieur de conscience, ne sont pas présentes ou, si elles le sont, c’est par manque de développement et elles finiront tôt ou tard par ne plus être présentes.
Le « service de la Vérité » consiste à s’occuper d’être le plus possible « le serviteur volontaire de la Conscience Divine », ce qui est écrit dans la Charte d’Auroville qui est présentée plus loin.

21 septembre 1966*. L’Agenda de Mère, tome 7, p. 212 et 213.
« Malheureusement, selon les tendances actuelles, on veut avoir le support de l’Unesco pour Auroville (!) Moi, je savais d’avance que ces gens ne peuvent pas comprendre, mais... on essaye. Parce qu’il y a des gens partout (c’est une espèce de superstition), des gens partout qui disent : "Non, je n’ouvre les cordons de ma bourse qu’avec l’approbation et l’encouragement de l’Unesco" (je parle de ceux dont l’appoint compte), beaucoup de gens, alors...
Seulement, pour moi, tout cela, c’est la croute, l’expérience tout à fait superficielle – la croute ; et il faut que les choses se fassent en dessous, sous cette croute. C’est juste une apparence.
Je l’ai dit à ceux qui s’occupent d’Auroville, je leur ai dit : "Ces gens-là (l’Unesco) sont en retard de deux-cent ans sur la marche de la terre, par conséquent il n’y a pas beaucoup d’espoir qu’ils comprennent." Mais enfin je ne leur ai pas dit de ne pas s’en occuper – je ne donne pas de conseils. »
« deux-cent ans » de « retard » : ces mots sont commentés plus loin.
Jhavéri ne rapporta pas cette parole de « la Mère ». Elle écrivit, page 105 : « Elle apprécia cette idée », « She appreciated this idea. ». On comprend que ce verbe ne correspond pas à approuva, ce que Jhavéri semble avoir tenté de faire croire.
Sous la pression du plan supramental en cours de manifestation, des humains recevaient ce qu’ils pouvaient, peut être presque rien, et, en tous les cas, ils agissaient selon ce qu’ils étaient alors. « La Mère » laissait agir et soutenait ce qui pouvait l’être.

 

 

CHAPITRE 21
SUITE DE LA PROCÉDURE À L’UNESCO POUR L’AFFILIATION DE LA S.A.S. EN CATÉGORIE C

 

Pour la première lecture, il est fortement conseillé de sauter le présent chapitre ou de ne lire que les titres de partie.

 

LETTRES INTERNES À L’UNESCO DE DEMANDE D’AVIS

Dans le dossier bleu, il y a une lettre datée du 11 aout 66, qui émana de Marc Simon, dirigeant à l’Unesco de la, semble-t-il, Division des Relations avec les organisations internationales. Elle fut adressée à A. Deléon, « Directeur chargé des départements de l’éducation ». Texte en français.
« Objet : Demande de classement de la Sri Aurobindo Society
Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint le dossier de la Sri Aurobindo Society.
Je vous serais très reconnaissant de me faire connaitre la recommandation que vous formulez concernant le classement de cette organisation.
Comme vous pouvez le constater d’après ce dossier, l’organisation ne précise pas dans quelle catégorie elle souhaiterait être admise. »
C’est tout ce qui est écrit sur cette feuille dont l’auteur n’avait pas compris les deux réclamations à être en catégorie A.

Derrière il y a une autre feuille écrite qui en est peut-être la suite, qui n’a pas de formule de fin ni de signature. Voici tout ce qui est écrit. Texte en français.
« La Société est constituée en vue de l’exécution des projets suivants, en Inde et en dehors de ce pays.
(a) faire connaitre à ses membres et à tous en général les buts et les idéaux de Sri Aurobindo et de la Mère, leur système de Yoga intégral, et travailler à son accomplissement de toutes les manières possibles, et en vue d’obtenir une société spiritualisée comme l’a envisagée Sri Aurobindo ;
b) former des étudiants et des professeurs choisis, provenant de toutes les parties du monde, pour le système intégral d’éducation, à savoir : spirituelle, psychique, mentale, vitale et physique. »
Ces deux indications viennent du premier des deux textes de la brochure jaune, le Mémorandum.

Il est probable qu’une lettre ayant le même contenu fut envoyée par quelqu’un de l’Unesco à d’autres dirigeants puisqu’il y a la réponse suivante du 25 juillet à une lettre qui avait donc été envoyée avant celle du 11 aout 66 reproduite ci-dessus.

 

À L’UNESCO : AVIS DE PLUSIEURS DIRIGEANTS DE SECTEURS

Le 25 juillet 66, de Pierre Lebar. Texte en français. « Je considère que cette demande est une demande pour la catégorie C. Vous vous rappellerez sans doute qu’au cours d’une réunion, M. M. Adiseshiah avait indiqué que le classement en catégorie C serait la meilleure solution ».
Le 29 juillet 66, de Nessem A. Beg. Texte en anglais dont voici la traduction. « La société a des buts et des projets dignes et élevés, dont le processus de réalisation est principalement basé sur la capacité de chaque individu à changer son moi intérieur. Il ne fait aucun doute que c’est une expérience subjective, qui est le principal point valorisé. En ce qui concerne la promotion de cette expérience comme moyen de promouvoir l’harmonie mondiale et les programmes qui y sont conçus, bien qu’ils soient hautement désirables en eux-mêmes, ils ne sont pas directement liés aux types de programmes entrepris par cette Division [de l’Unesco que je dirige]. En faisant cette déclaration, je me limite évidemment au programme de la Division [que je dirige]. À mon avis, la meilleure position pour nous dans l’état actuel du développement de la Société susmentionnée serait d’avoir des échanges de documentation et d’informations sur un programme d’intérêt commun pour l’Unesco et pour la Société. Je crois qu’il appartient au bureau de M. Lebar de voir dans quelle catégorie tomberait un tel arrangement de travail, le reste dépendrait de la façon dont la Société elle-même et sa structure internationale se développeraient. »
Le 29 juillet 66, de Mrémis Taha-Hussein. Texte en français. « Je pense, après avoir pris connaissance des documents ci-joints, que c’est la catégorie C qui conviendrait ("relations d’information mutuelle"). Il serait sans doute nécessaire que la Division de Philosophie fût également consultée. »
Le 5 aout 66, de J. Hernt ou Hunt (nom approximatif). Texte écrit à la main en français. « Quant à moi, je suis plutôt pour une réponse négative. La Société en question s’inspire essentiellement d’une philosophie d’un pays (Inde). Ses fins sont aussi vagues qu’immenses : harmonie de soi, harmonie universelle. Si elle reçoit la catégorie C, il n’y a aucune raison de ne pas l’accorder à des milliers d’autres. »
Le 8 aout 66, de M. Elmandjra. Texte écrit à la main en anglais dont voici la traduction. « À la lumière des commentaires ci-joints, je ne suis pas en mesure de recommander au Directeur général l’admission en catégorie "C" de cette association. Je ne vois pas comment ses activités peuvent être liées à notre programme. Vous pouvez consulter ED » (« ED » = Secteur de l’éducation.)

La suite et fin de la procédure à l’Unesco pour l’affiliation de la S.A.S. en catégorie C est dans un des prochains chapitres.

 

 

CHAPITRE 22
EN 1966*, À L’UNESCO, PROCÉDURE QUI MENA JUSQU’À L’ADMISSION DU PROJET MODIFIÉ DE RÉSOLUTION PROPOSÉ PAR L’INDE

 

21 OCTOBRE 66, PUBLICATION PAR L’UNESCO DU PROJET INDIEN ET D’UN COMMENTAIRE DU DIRECTEUR GÉNÉRAL

Ici est le deuxième des deux chapitres qui concernent la procédure à l’Unesco qui mena à la première de ses décisions relatives à Auroville.

La quatorzième session de la Conférence générale de l’Unesco exista à Paris du 25 octobre au 30 novembre suivant de l’an numéroté 1966 par tyrannie chrétienne.
En prévision de cette session, le Directeur général de l’Unesco fit imprimer le texte indien et il le fut dans le document référencé « 14 C/DR.6 (P) ». (Le début de cette référence signifie ceci : 14e session de la Conférence générale/Directeur général. Document n° 6. Est-ce que la lettre P signifie proposition, et proposal en anglais, mot qui est souvent employé, comme dans une citation qui est dans le paragaphe suivant alors que, dans les titres, c’est le mot projet qui l’est, qui correspond à draft en anglais ? Beaucoup de projets de résolution ont une telle lettre P mais pas tous.)
Le document est daté du 21 octobre 66, et dit « Traduit de l’anglais ». C’est sur ce document qu’est écrit que « Cette proposition est parvenue au Secrétariat le 11 aout 1966 ». Aux archives, il est dans le recueil Projets de résolutions. (La référence complète est : Conférence générale / 14e session / Paris 1966 / Projets de résolutions. Même début pour les recueils indiqués plus loin dans le même chapitre.

Sur ce document, il est écrit que ce projet est un « Amendement au Projet de programme et de budget pour 1967-1968 (document 14 C/5) ». Cet amendement est un complément, un ajout.
Il fut proposé de le placer dans un chapitre 4 d’une partie de ce programme, celui titré « Information », et sans sa « Section 4.11 » titrée « Libre circulation de l’information et échanges internationaux ».
Le document en lui-même ne permet pas de savoir si ce fut l’Inde ou le Directeur général qui proposa cela. Il est pensé que ce fut ce dernier.

Sur ce document, il y a le projet de résolution reproduit dans l’un chapitre précédent et, après, il y a ceci.
« Note du Directeur général
Étant donné qu’il s’agit là d’un projet dont l’exécution incombera à une organisation non gouvernementale affiliée à la Commission nationale indienne pour l’Unesco, la résolution proposée n’aurait aucune incidence sur le budget de l’Unesco. Ses buts s’harmonisent avec les objectifs de l’Unesco, et le projet en question peut être considéré comme venant à l’appui du programme présenté dans le document 14 C/5. »
L’« organisation non gouvernementale » est « la Société Sri Aurobindo de Pondichéry ».
Les « buts » d’Auroville sont présentés comme s’harmonisant avec « les objectifs » de l’Unesco. Ce constat fut fait en regardant quelques mots. Ce fut une vision superficielle qui fut derrière cela. Le projet de résolution était à ce niveau.
Auroville fut présentée comme appuyant le programme de cet organisme.

Ensuite, le projet de résolution provenant du Gouvernement indien fut un peu modifié avant de finir par être admis. Ça exista au cours d’une procédure où ce projet se retrouva traité d’abord par la Commission du Programme, en plusieurs assemblées internes à elle-même, puis par l’assemblée générale nommée Conférence générale. C’est cela qui est présenté ci-après. Les textes sont en français lorsque le contraire n’est pas indiqué.

 

PASSAGE DANS UN COMITÉ SPÉCIAL

Un groupe nommé Comité spécial fut chargé de procéder à l’examen préliminaire des projets de résolution. Il présenta ses recommandations dans le document référencé « 14 C/PRG/2 » et dans ses documents complémentaires. Il n’y a rien concernant le projet indien.

 

PASSAGE À LA SOUS-COMMISSION N° 1

Le 16 novembre 66, dans la séance du matin de la Sous-Commission n° 1, on s’en occupa. Le compte-rendu le plus complet est dans le document référencé « 14 C/PRG/S-C.I/SR.23 (prov.) ». (14e session de la Conférence générale / Commission du programme / Sous-Commission n° 1 / Summary records, Rapports sommaires, Document n° 23 provisoire.) Aux archives, il est dans le recueil Commission du Programme / Sous-commission I / Comptes rendus provisoires. Le texte de ceux-ci fut établi avec la langue dans laquelle fut faite chaque intervention et c’est reproduit tel quel ci-après.
Plusieurs passages concernent le projet indien. Rappel : le nombre 1108 est le sien.

Page 4.
« [§] 11. Le PRÉSIDENT invite le représentant du Comité spécial de la Commission du programme à exposer les recommandations de ce Comité concernant les projets de résolution présentés par les États membres.
[§] 12.1 Mr THOMAS (United Kingdom), speaking on behalf of the Chairman of the Ad Hoc Committee of the Programme Commission, said that the Committee had recommended the delegations of Mali and Senegal to combine the amendments they had proposed to paragraph 1108 in document 14 C/8.
[§] 12.2 The Committee had also recommended that the Romanian amendments to paragraphs 1108 and 1111, together with the proposal in document 14 C/DR. 79, should be referred to the plenary Programme Commission in connexion with its discussion of the future programme. »
Traduction des passages en anglais :
M. THOMAS (Royaume-Uni), s’exprimant au nom du Président du Comité Ad Hoc de la Commission du Programme, dit que le Comité a recommandé aux délégations du Mali et du Sénégal de combiner les amendements proposés au paragraphe 1108 du document 14 C/8.
Le Comité a également recommandé que les amendements de la Roumanie aux paragraphes 1108 et 1111, ainsi que la proposition contenue dans le document 14 C/DR. 79, devraient être renvoyés à la Commission du programme en séance plénière pour qu’ils y soient traités lors de son examen du programme futur.
Dans les documents 14 C/8 et 14 C/DR 79, aucun mot ne fut trouvé concernant Auroville et on ne sait donc pas à quoi correspond ce qui fut indiqué par Thomas. Est-ce que ce fut là que fut décidé de remplacer « le but » par « l’un des buts » et de placer le texte dans une autre partie, ce qui correspond à lui donner un autre numéro d’ordre ?

Emmanuel Pouchpa Dass intervint en tant que membre de la délégation indienne.

Pages 5 à 7.
« [N°] 15.1 M. POUCHPA DASS (Inde), présentant le projet de résolution diffusé sous la cote 14 C/DR.6, fait la déclaration suivante :
"Il y a un peu plus d’un demi-siècle, un jeune et ardent partisan de la lutte pour la libération de l’Inde, nommé Aurobindo, touché par une sorte de grâce dans la prison de Calcutta où il était incarcéré, vint se réfugier dans le Sud, à Pondichéry, alors territoire français. Là, il prit la décision de renoncer à toute activité politique pour se consacrer à une vie de concentration mentale et de méditation. Très vite des disciples vinrent se joindre à lui et ainsi se créa une de ces étonnantes communautés spirituelles connues en Inde sous le nom d’’Ashram’. Là vécut Aurobindo, méditant et écrivant, faisant régner autour de lui par sa présence invisible une atmosphère de foi profonde et de paix du cœur. De toutes les parties du globe vinrent des êtres à la recherche de ’cela dont la connaissance fait que nous connaissons tout le reste’ et dont un seul regard du Maitre changea toute la vie. »
L’orateur exprima notamment des éléments de sa conception personnelle. Les indications « concentration mentale » et « méditation » n’expriment pas les idées d’ouverture à une conscience supérieure et de réception de quelque chose selon chacun, ni celle d’une nouvelle sorte d’êtres à apparaitre.

Suite immédiate.
« Dès 1926, Aurobindo, qui s’était retiré de la vie active pour entrer dans le silence des sages, avait confié la direction de l’Ashram à une disciple de la première heure, une Française, qui en devint ainsi la Mère. Depuis la mort du Maitre, en 1950, la Mère anime cette étonnante collectivité où ’le jeu multiple de la vie’ se poursuit à côté des plus implacables renonciations, où se côtoient dans une atmosphère de travail intense et de joie des êtres portant au cœur secret d’eux-mêmes la nostalgie de cette sérénité immuable et de cette pure lumière qui rayonnent sur le visage des sages et des bienheureux. »
Le mot « disciple » ne convient pas.
L’appellation « la Mère » ne désigne pas seulement la chef d’un groupe.
L’orateur exprima sa conception personnelle des « sages », qui seraient toujours en « silence ».
L’orateur exprima sa conception personnelle des « êtres » indiqués, qui n’auraient jamais aucune difficulté.
« nostalgie » : l’intervenant s’illusionne-t-il ou généralise-t-il abusivement ? Il n’exprime notamment pas la notion de poussée d’abord inconsciente vers quelque chose qui n’est pas encore connu.

Suite immédiate.
« Ils sont 1200, venus de tous les coins du monde. Ingénieurs, architectes, contremaitres, médecins, avocats, comptables, professeurs, artistes, agriculteurs et simples gens, ils exercent tous pour le compte de la communauté à laquelle ils se sont joints l’activité productrice qu’ils exerceraient de la même façon pour leur propre compte dans la vie sociale ordinaire. Ils forment ainsi une vaste collectivité industrielle et commerciale, avec ses stades, ses piscines, son hôpital, ses terrains de jeux, ses écoles, ses cinémas, ses fonderies, ses ateliers de construction[s] mécaniques, de préfabrication en béton, sa fabrique de carrelage, de papier, son imprimerie, ses ateliers de réparations d’automobiles, sa fabrique de peintures, sa banque, ses magasins, ses fermes, ses élevages, etc.
Mais chaque membre de cette collectivité observe la plus stricte discipline mentale et physique et consacre toute la partie disponible de son temps au développement physique, à l’étude et à la méditation.
Il s’agit là d’une tentative unique au monde pour concilier la vie spirituelle la plus élevée avec les exigences de notre civilisation industrielle ; tous les membres de cet Ashram mènent de front une vie extérieure rigoureusement normale, saine et active et une vie intérieure intense.
Les occidentaux qui sont entrés en contact avec l’Ahsram ont été frappés par la noblesse des buts poursuivis et la tenue morale de ses membres, Gaston Berger notamment, dont nous connaissons tous ici la rigueur intellectuelle, avait été très surpris de constater "l’identité des préoccupations" entre le groupe Prospectives dont il était l’animateur en France et l’Ashram d’Aurobindo. »
Pour savoir qui était Gaston Berger, un coup d’œil jeté sur internet mène notamment à une page qui est titrée « Le blog de Philippe Silberzahn ». Berger, qui mourut en 1960*, aurait dit : « L’avenir n’est pas ce qui vient après le présent, mais ce qui est différent de lui » et « Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et dépendra de nous. Il est moins à découvrir qu’à inventer ». La conclusion de l’auteur du blog est : « Gaston Berger a perçu les limites de la prédiction et la nécessité de construire l’avenir, et non de le deviner, mais il n’a pas su offrir d’approche alternative satisfaisante. » Selon cet article de ce blog, ce qui peut être considéré comme une « identité des préoccupations » est l’idée que l’avenir n’est pas, pas seulement, produit par le passé mais que quelque chose de nouveau est à apparaitre. Selon Berger, les humains tels qu’ils sont ont à le construire. Par contre, selon Aurobindo et « la Mère », le plan supramental qui existait déjà est en train de se manifester sur la Terre, et ça existe maintenant car l’actuelle humanité s’était développée jusqu’à rendre cela possible. Les « préoccupations » de l’Ashram de Pondichéry en 66 comme de tout humain partout sur la Terre qui agit selon les indications d’Aurobindo et de « la Mère » est de contribuer à sa mesure à la manifestation supramentale ou, dit plus simplement : de suivre son guide intérieur, son psychique, qui pousse à cela.

Suite immédiate.
« Voici que cette extraordinaire institution, unique au monde, par une progression naturelle cherche, à l’occasion du 20e anniversaire de notre organisation et en harmonie avec ses buts et principes, à élargir son action et à rayonner plus loin encore. Elle veut regrouper, dans un centre plus vaste, une vraie ville où des hommes du monde entier seront prêts à vivre selon l’idéal de la pensée de Sri Aurobindo.
Ce sera une ville de beauté, de culture, de recherche où chacun pourra vivre dans l’harmonie et la liberté. »
Il y a mensonge à dire que l’idée de créer Auroville apparut « à l’occasion du 20e anniversaire » de l’Unesco. Le dire signifie que cette ville existerait dans le cadre de cet organisme, ce qui est un autre mensonge. Pouchpa Dass ne créa pas ces deux mensonges mais les répéta.
Il y a au moins erreur à dire que les habitants d’Auroville devraient vivre « selon l’idéal de la pensée » indiquée. Ces mots expriment l’idée qu’il y aurait un idéal (mental) et que chacun tel qu’il est devrait chercher à vivre selon lui. (En pratique, il y aurait : chercher à vivre selon la conception que chacun se fait de cet idéal.) Il n’y a pas l’idée de manifestation supramentale en cours, au service de laquelle il faudrait se mettre, dont il faudrait se faire l’intrument, à la mesure de chacun, en suivant son guide intérieur et la suite de cela.
Lesdites « harmonie » et « liberté » existent ou n’existent pas selon ce qui existe dans la ville, selon ce que sont et font ses habitants, qui peuvent se retrouver dans des positions contradictoires ou même parfois conflictuelles. Par exemple, la présence de religions ne peut que finir par des conflits. Il en est ainsi de manière générale notamment lorsque les actions de forces hostiles à la manifestation supramentale s’acharnent à nuire, même si elles le font en annonçant agir en faveur d’Auroville, spécialement pour en hâter le développement, mais dans le but de créer une coquille vide de l’essentiel.

Suite immédiate.
« Auroville, car tel sera son nom, s’étendra à quelques kilomètres au nord de Pondichéry, sur la côte de Coromandel, face à la baie du Bengale, sur un vaste territoire de vingt kilomètres carrés dont la géographie offre une infinie variété aux possibilités d’aménagement. Tout autour de la cité sera préservée une zone d’isolement d’une grande beauté naturelle.
Au centre de la ville se trouvera le Parc de l’Unité, qui est une couronne de jardins surplombant un Lac.
Tout cela, me direz-vous, est une construction de l’esprit, un rêve. Peut-être. Mais cela ne réveille-t-il pas un écho au plus profond de notre âme ? N’y retrouvons-nous pas ce monde merveilleux des espoirs d’autrefois, le Domaine entrevu et perdu, le Château où dort la belle Princesse en attendant le regard de celui qui la réveillera. Ne portons-nous pas tous quelque part au cœur secret de nous-même la nostalgie de cette sérénité immuable, de cette pure lumière, de cette joie indéfinissable qui rayonnent sur le visage des êtres heureux et sages, de ce sourire qui illumine le visage du Bouddha ?
Puisque ceux qui vivent à l’Ashram d’Aurobindo approchent d’une certaine perfection et d’une plénitude merveilleuse, pourquoi Auroville serait-elle différente ? Car, en fait, la volonté de vivre, l’aspiration au bonheur et le désir d’une quête sans cesse renouvelée traduite par les grandes questions (Qui suis-je ? Où vais-je ? Ai-je un but ? Quel sens a ma vie ? Quelle est ma propre position devant le fait que j’existe et que je vis ?) sont les seules références qui seront jamais demandées pour pénétrer à Auroville et les seuls bagages vraiment nécessaires pour y séjourner. Tout le reste y sera donné, y compris l’esprit de sacrifice, la foi, l’espérance et l’amour. »
« nostalgie ».
« une certaine perfection », « une plénitude merveilleuse ».
« aspiration au bonheur », « désir ».
Pouchpa Dass exprima sa conception personnelle et s’illusionna.

Suite immédiate.
« Voilà pourquoi le Gouvernement de l’Inde voudrait que la Conférence générale, agissant en conformité avec les buts de notre organisation dont nous réaffirmons solennellement les idéaux en ce vingtième anniversaire, accorde à ce projet d’un caractère unique et exceptionnel et à certains égards insolite son assentiment moral et sa confiance.
[N°] 16.1 M. TERROU (France) déclare avoir été très frappé par l’élévation de l’intervention du délégué de l’Inde ; il assure que la délégation française appuiera chaleureusement le projet de résolution qu’il a si noblement présenté. »

Page 8.
« [N°] 19.1 Mr YUSUF (Sudan) [...].
19.2 [annonça aussi :] The Indian delegation deserved the Sub-Commission’s gratitude for submitting its draft resolution. His only criticism was that the operative part was somewhat weak, and he proposed that the word "hope" in the last paragraph should be changed to "belief". »
Traduction : M. Yusuf (Soudan) [...] [annonça aussi :] La délégation de l’Inde mérite la gratitude de la Sous-Commission pour avoir présenté son projet de résolution.Sa seule critique était que la partie décisionnelle était quelque peu faible et il proposa que le mot "espoir" dans le dernier paragraphe soit remplacé par "conviction".

Page 13.
« [N°] 48 Le PRÉSIDENT invite la Sous-Commission à approuver le projet de résolution présenté par l’Inde et diffusé sous la cote 14 C/DR.6.
49. Le projet de résolution contenu dans le document 14 C/DR.6 est approuvé à l’unanimité. »

(Livre de Jhavéri, p. 106. Texte anglais dont voici la traduction. « Plus tard en 1966, Shree E. Pouchpa Dass d’Inde, qui était le Directeur de la Division du développement culturel à l’Unesco, présenta éloquemment la résolution que j’avais préparée avec Salah-El-Din Tewfik. » En 66, Pouchpa Dass ne travaillait pas encore à l’Unesco. Il intervint en tant que membre de la Délégation indienne. Jhavéri indiqua une fois de plus que le texte fut rédigé par elle-même et Tewfik, représentant de l’Unesco en Inde.)

 

PROJET DE RAPPORT DE LA SOUS-COMMISSION N° 1

Du 23 novembre 66 date le « Projet de rapport de la sous-commission 1 » qui est référencé « 14 C/PRG/S-C.1/11 » « Deuxième partie », et il fut appouvé ce jour. Aux archives, il est dans le recueil Commission du Programme [/] Sous-Commissions.

Concernant encore la partie 4.1 titrée « Libre circulation de l’information et échanges internationaux », page 11 il y a ceci.
« [§] (5) En présentant le projet de résolution 14 C/DR.6 (P), le délégué de l’Inde a donné des précisions sur les plans qui, pour marquer le vingtième anniversaire de l’Unesco, prévoient la création, dans son pays, d’une communauté consacrée à la paix, à la contemplation et au travail en commun. Étant donné que les buts de cette communauté sont multiples, il conviendrait de modifier le début du troisième considérant, pour lui donner la rédaction suivante. "Consciente du fait que l’un des buts...". Le Délégué du Soudan a fait observer que, dans le dernier alinéa, l’expression "exprime l’espoir" risque de donner à penser que le projet ne sera peut-être pas réalisé, et il a proposé de remplacer "l’espoir" par "la conviction". La Commission a approuvé ces amendements. »
Rapport correct des mensonges relatifs à l’anniversaire.
Est-ce que « la Mère » avait employé le mot « contemplation » à propos des habitants d’Auroville et, surtout comme étant l’un de leurs trois premiers éléments caractéristiques ? Non. Et pour le bâtiment central d’Auroville, nommé Matrimandir, c’est le mot concentration qui fut employé.
La Commission du programme n’avait pas encore approuvé ce « projet de rapport » mais il fut rédigé en prévision du moment où elle aura à se prononcer sur lui et comme si elle le ferait en l’adoptant. (C’est écrit sur la page de titre de ce document : « ce rapport est rédigé comme s’il était celui de la Commission du programme ».)

Pages 16 et 17 il y a le § « (32) » qui commence ainsi : « À l’unanimité la Commission a recommandé l’adoption par la Conférence générale de la résolution suivante : » Ensuite, dans un cadre, comme pour tous les autres projets de résolution, il y a le texte, où il y a « du fait qu’un des buts » et « la conviction ». Il y a aussi des différences d’avec le texte officiel qui exista plus tard : dans la ponctuation, « 20e anniversaire », des premiers mots d’alinéas qui sont soulignés.
Dans le cadre, et contrairement à d’autres projets de résolution, au début il n’y a pas de numéro d’ordre. Ça signifie que, à ce moment, il avait déjà été prévu de ne plus placer la résolution dans la partie du chapitre 4 qui est numérotée 4.1 mais dans une autre qui ne fut pas indiquée.
Vu le numéro qu’eut finalement la résolution, elle ne fut pas non plus indiquée sur la page 31 qui y correspond.

 

PASSAGE À LA COMMISSION DU PROGRAMME EN SÉANCE PLÉNIÈRE

Après l’adoption, par la Sous-Commission n° 1, du projet indien modifié, ce fut à la Commission du Programme siégeant en séance plénière de se prononcer.
Elle commença par publier, son « Projet de rapport » à soumettre au vote d’elle-même, parties par parties. Celle concernant Auroville fut publiée le 26 novembre 66, dans le document référencé « 14 C/PRG/10 », « Partie C – Chapitres 4 et 5 ». Aux archives, il est dans le même volume que le dernier document présenté ci-dessus. Page 9 il y a le passage qui, dans le document du 23 novembre, commence par « [§] (5) En présentant le projet de résolution 14 C/DR.6 (P) ». Pages 14 et 15 il y a le passage qui, dans ce document du 23 novembre, est aux pages 16 et 17. Il y a une différence qui est que le passage « À l’unanimité [...] résolution suivante : » est souligné.
Puis il y eut un vote en séance plénière sur le projet ci-dessus. Il exista le 28 novembre. (Recueil : Journal, n° 28, p. 3.) Au moins à propos d’Auroville, le texte fut adopté.
La Commission du Programme publia alors son « Rapport ». La partie qui est notamment relative à Auroville date du 28 novembre. Sa référence est « 14 C/92 – Fascicule 5 », « Partie C – Chapitres 4 et 5 ». Aux archives, il est dans le recueil : 14 C/49-14 C/95. Aux pages 9, 14 et 15, il y a ce qu’il y avait dans le « Projet de rapport ».

 

VOTE PAR LA CONFÉRENCE GÉNÉRALE

Le 29 novembre, dans la 38e séance plénière de la Conférence générale, il y eut le vote, d’acceptation ou de rejet, du projet de résolution concernant Auroville et son résultat.

Il y en eut d’abord un compte-rendu provisoire qui est référencé « 14 C/VR.38 (prov) ». (Verbatim 38e séance, compte-rendu provisoire.) Verbatim exprime l’idée de compte-rendu fait mot à mot.
Page 29, il y a ceci. « [§] 87.6 Paragraph (32) : The Commission unanimously recommended that the General Conference adopt a further resolution. » (Paragraphe (32) La Commission recommande à l’unanimité que la Conférence générale adopte une nouvelle résolution.) Le n° 32 est indiqué page 16 du Projet de rapport de la Sous-Commission n° 1. La résolution est celle qui concerne Auroville. Là encore, après le mot « résolution » il n’y a aucun numéro, contrairement aux projets de résolutions qui sont indiqués à côté.

Page 30 il y a ceci. « [§] 87.9 I move, Mr Président, that the recommendations of the Programme Commission contained in paragraphs (28) to (34) be adopted by the General Conference. [Je propose, Monsieur le Président, que le programme de la Commission figurant aux paragraphes (28) à (34) soit adopté par la Conférence générale.]
88.1 Le PRÉSIDENT : Si aucune remarque n’est formulée sur les recommandations contenues dans les paragraphes 28, 29, 30, 31, 32, 33 et 34 de la section 4.1, je considérerai que ces recommandations sont adoptées à l’unanimité par la Conférence générale.
88.2... Elles le sont. »
(Le compte-rendu est fait en plusieurs langues, avec celle employée par chaque orateur.)
Ainsi, le projet de résolution sur Auroville fut adopté.

 

PUBLICATION INTERNE À L’UNESCO DES TEXTES ADMIS

En janvier 1967* fut publié l’ouvrage titré « Programme et budget approuvés pour 1967-1968 ». Il est référencé « 14 C/5 approuvé », « Distribution limitée ». Aux archives, il est dans un recueil spécial pour cette référence et qui a le même titre.
C’est là qu’apparut la place définitive de la résolution sur Auroville.
La partie 4.3 est titrée « Information du public et action en faveur de la compréhension internationale ».
Sa sous-partie 4.35 est titrée « Anniversaires de personnalités éminentes et évènements historiques ». Puisque la création d’Auroville avait été placée dans le texte comme ayant été décidée « à l’occasion » du vingtième anniversaire de la création de l’Unesco, pourquoi sa résolution ne fut-elle pas placée à l’intérieur de cette partie ? Cette création de l’Unesco ne fut pas considérée comme un évènement historique méritant d’être célébré.
En tout cas, lors des travaux d’élaboration du programme et jusqu’après les votes, la sous-partie 4.35 était la dernière de la partie 4.3.
En janvier 67, une autre apparut après elle, page 452, celle numérotée 4.36. C’est la résolution sur Auroville. Elle contient « vingtième anniversaire » (au lieu de « 20e » avant) qui se retrouva dans le texte officiel définitif, mais la ponctuation ne fut pas encore celle de celui-ci, et il n’y a pas encore de mots écrits en lettres italiques.

Aussitôt après le texte de la résolution qui est sur la page 452, sur la p. 453 et en tant que plan de travail il y a ceci.
« Dans l’esprit de la résolution 4.36, le Secrétariat recommandera à tous ceux qui s’intéressent aux idéaux de l’Unesco de s’associer à la création et à la gestion (par la société Sri Aurobindo de Pondichéry, Inde) d’une cité culturelle appelée Auroville où des personnes venant de pays différents vivront en harmonie au sein d’une collectivité unique et se livreront à des travaux culturels, pédagogiques et scientifiques, afin de contribuer ainsi à la compréhension internationale et à la paix. »
Dans le projet émanant du Gouvernement indien, il était écrit ceci : « où des personnes de nationalités différentes vivront en harmonie les unes avec les autres et se livreront notamment à des activités de caractère éducatif, scientifique et culturel ». Le mot « notamment » ne signifie pas que toutes les personnes ne feront que cela, ni que toutes feront au moins partiellement cela.
Par contre, dans le passage commenté, il est écrit que toutes feront au moins partiellement cela et ce fut donc une erreur.
Dans Auroville, il devait y avoir des personnes faisant de la maçonnerie, de la cuisine, du ménage, de l’agriculture, de l’imprimerie, etc.
Le rédacteur du passage commenté en arriva à penser que ce que font les menbres dirigeants de l’Unesco et leurs adjoints proches sera fait aussi à Auroville et que c’est ainsi que serait créée « la compréhension internationale et » « la paix ». Il s’illusionnait sur ce qu’est Auroville et aussi sur l’effet véritable de l’Unesco. Ce qu’il indiqua correspond aux activités de pensée de quelques individus qui cherchent à créer ce qui est indiqué et pensent que c’est ainsi que l’humanité y arrivera.
Ce qu’il exprima ne correspond pas à l’ouverture à un plan de conscience supérieur qui cherche à se manifester et qui le fait lorsque c’est possible, et à l’apparition future d’une nouvelle sorte d’êtres.

 

PREMIÈRE DÉCISION PRISE PAR L’UNESCO SUR AUROVILLE : UNE RÉSOLUTION DE SA CONFÉRENCE GÉNÉRALE

Comme déjà dit, la quatorzième session de la Conférence générale de l’Unesco exista à Paris du 25 octobre au 30 novembre suivant de l’année numérotée 1966 par tyrannie chrétienne.
Ses Actes furent publiés en 3 volumes.
Le premier contient notamment les « résolutions adoptées » (les décisions) et les « rapports ». Il est visible sur internet sur : unesdoc.unesco.org (comme d’autres textes reproduits plus loin).
Dans sa partie « A. Résolutions », dans sa sous-partie « II Programme pour 1967-1968 », dans sa sous-sous-partie « 4 Information », dans la sous-sous-sous-partie « 4.3 Information du public et action en faveur de la compréhension internationale », il y a la sous-sous-sous-sous-partie « 4.36 » dont le titre est indiqué sur sa ligne du dessus : « Auroville ». Ça commence en bas de la page 74 et se termine sur la page suivante.

Voici le texte complet commenté de cette première résolution sur Auroville, qui a donc le numéro 4.36.
« La Conférence générale,
Ayant appris qu’à l’occasion de la célébration du vingtième anniversaire de l’Unesco la Société Sri Aurobindo de Pondichéry (Inde), organisation non gouvernementale affiliée à la Commission nationale indienne pour l’Unesco se propose de créer une "cité culturelle" appelée "Auroville", où des personnes de nationalités différentes vivront en harmonie les unes avec les autres et se livreront notamment à des activités de caractère éducatif, scientifique et culturel, »
Il est clairement dit que c’est « à l’occasion de la célébration du vingtième anniversaire de l’Unesco » que la S.A.S. « se propose de créer » Auroville. Il y a trois mensonges. Le commentaire de cela est dans un chapitre antérieur.
Appeler Auroville « cité culturelle » ne fait pas partie du vocabulaire de « la Mère ». Par ailleurs, si toute la ville, la cité, avait été caractérisée par le mot « culturelle », cet adjectif qualificatif n’aurait pas été employé par « la Mère » pour qualifier seulement une de ses parties, la Zone culturelle. Ça montre que le nom « cité culturelle » ne relève pas d’une pensée claire. Appeler Auroville « cité culturelle » est donc très réducteur. Ce nom peut être sensé s’il signifie que cette ville fut créée pour une cause du genre idéologique (ou autres mots) et avec un ou plusieurs buts en accord avec cela mais il n’exprime pas l’enjeu véritable. (Un nom qui peut être employé est ville d’évolution accélérée. Le yoga intégral d’Aurobindo et « la Mère » fut dit par eux servir à faire de l’évolution accélérée.)
« vivront en harmonie les unes avec les autres » : c’est un idéal, ne pouvant être atteint que par un grand développement de la conscience, au moins celle d’un nombre suffisamment grand de ses habitants. En attendant de parvenir à cet état, qu’il y ait parfois des conflits est normal. Mais le texte joue sur l’illusion afin de correspondre à la même illusion existant déjà dans l’Unesco.
Dire que certaines activités faites à Auroville seront de caractère « éducatif, scientifique et culturel » servait à montrer une similitude de domaines d’action avec l’Unesco : Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture. On cherchait à plaire pour se faire admettre. Le mot « culturel » pose un problème. Si Auroville était tout entière une « cité culturelle », tout ce qui serait censé s’y passer en correspondant aux buts serait « culturel » et il n’y aurait pas à distinguer entre « caractère éducatif » et « caractère [...] scientifique » d’un côté, et « caractère [...] culturel » de l’autre. Ça montre encore que le nom « cité culturelle » ne relève pas d’une pensée claire.
Dans la fin du passage, le mot « notamment » fait qu’il n’y a pas d’erreur à dire ce qui est après. Il laisse de la place pour les cuisiniers, les agriculteurs, etc. qui, tous, peuvent agir selon l’essentiel d’Auroville.
(Cet essentiel n’est pas indiqué puisque, comme déjà vu, il avait été décidé de ne pas en parler.)
Ce premier alinéa de la résolution exprime un mauvais départ de celle-ci. Quelle est la suite ?

Suite immédiate.
« Prenant note du fait que cette cité comprendra des pavillons destinés à représenter les diverses cultures existant dans le monde, non seulement sur le plan intellectuel, mais aussi en donnant une idée de différentes écoles d’architecture, de peinture, de sculpture, de musique, etc., en tant qu’elles sont l’expression de certains modes de vie, »
Il fut prévu que l’une des quatre zones égales en superficie soit la zone internationale, contenant des pavillons de pays. Auroville fut prévue pour être une ville et, donc, un quart d’elle-même ne peut pas être une sorte de musée. Chacun des Pavillons de cette zone ne peut donc pas être cela.
Mais c’est pourtant ce qui fut exprimé dans ce deuxième alinéa de la Résolution : il y aurait seulement des représentations de ce qui existe déjà dans le monde.
Il fut fait comme si « les diverses cultures existant dans le monde » ne devaient plus se développer, évoluer, c’est-à-dire comme si elles étaient désormais devenues stationnaires. En plus de l’omission de tout ce qui se rapporte à la manifestation d’une conscience supérieure avec l’apparition prévue d’une autre sorte d’êtres, il y a donc l’expression d’un esprit de mort.
Par ailleurs, l’alinéa ne parle pas de pays mais de « cultures », et c’est une erreur.
(« La Mère » avait parlé de l’expression du « génie » de quelque chose, et il n’est pas à exposer dans une vitrine de musée. Ça impliquait la continuation de son développement, qu’il devienne davantage exprimé dans la vie de sa nation, qu’il prenne la première place, et avec la suite de cela.)

Suite immédiate.
« Consciente du fait qu’un des buts d’Auroville sera de juxtaposer étroitement les valeurs et les idéaux de cultures et de civilisations différentes, »
Confirmation de l’alinéa précédent de la résolution : il est parlé de représentations de ce qui existe déjà dans le monde. La manifestation graduelle d’une nouvelle conscience, dont un effet serait de remplacer au moins une partie ce qui existe déjà, n’est pas envisagée. Les « valeurs et les idéaux de cultures et de civilisations différentes » seraient représentées, maintenues, pas seulement comme dans un musée, mais actives, avec l’idée de les « juxtaposer étroitement ».
Parmi « les valeurs et les idéaux » déjà en place dans le monde, il y a ce qui relève de religions, qui sont presque toujours incompatibles entre elles, dont certaines ont pour but leur domination complète comme elle ne le fut jamais, même aux pires moments de tyrannie, sur toute l’humanité ou parties de celle-ci. (Elles savent aussi s’associer temporairement pour lutter contre un ennemi commun, par exemple contre la volonté de les rejeter toutes hors de la vie publique d’un pays.) Ainsi, selon l’Unesco, toutes les religions, au moins les dominantes, sont considérées comme bonnes. (L’Unesco est favorable aux religions en général et à leur domination et ça apparait notamment ainsi.) Et, selon cet organisme, toutes les religions, au moins les dominantes, devraient être représentées dans Auroville. Ainsi, cette ville devrait se retrouver avec notamment des religions. Pourtant, c’est le contraire qui est caractéristiquement prévu pour elle.
Le fait que ça soit dit être seulement « un des buts » ne change pas cela puisque c’est toute la ville qui est dite « cité culturelle » et puisque l’essentiel est omis.

Suite immédiate.
« Exprime la conviction que ce projet contribuera à promouvoir la compréhension internationale et la paix, »
C’est à partir de ce qui existait déjà dans le monde, notamment les religions même les plus tyranniques, et de leur présentation dans Auroville et de leur « juxtaposition » faite « étroitement » que l’Unesco exprima sa « conviction que ce projet contribuera à promouvoir » « la compréhension internationale et la paix ». C’est ce qu’elle faisait et fait encore.
L’Inde d’abord puis l’Unesco, correspondant à tous les pays partenaires au traité sur l’Unesco, exprimèrent l’espoir, l’illusion, qu’Auroville pourrait faire que des tyrans de toutes sortes, notamment religieux, pourraient se comprendre et vivre en paix.
C’est la bonne conscience facile, tyrannique mais illusionnée à ce sujet, qui fut exprimée dans la résolution.

Suite immédiate et fin de la résolution.
« et le recommande à l’attention de tous ceux qui s’intéressent aux idéaux de l’Unesco. »
Auroville fut encore placée dans le cadre de l’Unesco. Elle fut une fois de plus abaissée.
Les pays qui étaient partenaires au traité international relatif à l’Unesco étaient censés s’intéresser à ces « idéaux » et, donc, le pouvoir public central de chacun et ce qu’il représente.)
Tous les individus « qui s’intéressent aux idéaux de l’Unesco » furent présentés comme devant porter attention à Auroville... telle que conçue par cet organisme.
L’Unesco s’intéressa à Auroville en décidant cette Résolution et en recommandant comme indiqué. Elle ne fit rien de plus.

 

PUBLICATIONS PUBLIQUES RELATIVES À CE QUI EST CI-DESSUS

Une petite partie des travaux de la 14e session de la Conférence générale fut publié en trois volumes qui sont le rapport officiel de celle-ci, notamment à destination du public. C’est la version en français qui est employée ci-après.
Les trois volumes ont une partie de leur titre qui est commune : Actes de la Conférence générale, Quatorzième session, Paris, 1966. Les trois furent publiés par l’Unesco et sont visibles sur son site internet unesdoc.

L’un des trois volumes est titré Résolutions. Il fut publié en 67 et son numéro de catalogue, son « Catalog Number », est 114048. Il contient les Résolutions et aussi d’autres textes.
Parmi ces derniers, il y a l’Annexe II titrée « Rapport de la Commission du programme » qui commence page 161. Pages 234 et 235 au paragraphe 864, il y a le texte qui, dans le Projet de rapport de la Sous-commission n° 1 datant du 23 novembre 66 et reproduit plus haut, commence par ceci : « En présentant le projet de résolution 14 C/DR.6 (P) ». (Dans l’Index, troisième des trois volumes, publié en 68, et dont le numéro dans le catalogue, « Calatog Number », est 223867, p. 47 c’est à cela que correspond la deuxième partie de la référence « [Volume des] Résolutions [:] 4.36, annexe II 864 ».)

Par ailleurs, le compte-rendu provisoire qui est indiqué plus haut, celui référencé « 14 C/VR.38 (prov) », fut soumis à la lecture des membres de la Conférence pour que des corrections puissent être apportées dans les deux jours suivants à l’issue desquels le texte deviendrait définitif.
Celui-ci fut publié dans l’un des trois volumes indiqués plus haut, celui qui a le titre particulier Comptes rendus des débats et il fut édité en 1968*. Numéro dans le catalogue, « Catalog Number » : 160364. (Ce volume contient aussi des « Renseignements généraux » avec des listes de noms d’individus. P. 1187, E. Pouchpa Dass y est présenté comme Premier Secrétaire de l’Ambassade de l’Inde à Paris, comme le seul Délégué permanent auprès de l’Unesco, et comme l’un des Suppléants, « Alternates », de délégués.)

Les deux passages venant du document « 14 C/VR.38 (prov) » et qui sont reproduits plus haut y sont pareils pour le fond, p. 1085. (Les modifications furent les suivantes. Les parenthèses aux numéros de paragraphe furent supprimées. Au paragraphe 87.6, un guillemet ouvrant fut placé avant « The » et un fermant avant le point final. « adopt a further resolution » fut remplacé par « adopt the resolution as set out », adopte la résolution telle qu’énoncée. Après « section 4.1 », entre parenthèses fut ajouté le titre de cela qui est : « Libre circulation de l’information et échanges internationaux ».)

 

 

CHAPITRE 23
EN 66, UNE AUTRE DÉCISION DE L’UNESCO QUI FUT ENSUITE EMPLOYÉE À PROPOS D’AUROVILLE

 

Lors de la même session de 66 de la Conférence générale, et le 4 novembre, fut créé le texte n° 8.1 qui est titré « Déclaration des principes de la coopération culturelle internationale ». Il commence à la page 92 du même volume « Résolutions » que la Résolution de 66 concernant Auroville. Deux ans plus tard, il fut indiqué dans une autre résolution concernant Auroville et il est donc bon de savoir ce qu’il est.

Que désigne le mot « culturelle » qui est dans le titre ? D’après le nom de l’Unesco qui énonce « l’éducation, la science et la culture », il ne concerne pas ces deux premiers éléments.
On peut penser que la signification du mot « culturelle » soit indiquée dans l’alinéa 5 : « Considérant que, malgré l’avancement des techniques, qui facilite le développement et la diffusion des connaissances et des idées, l’ignorance du mode de vie et des usages des peuples fait encore obstacle à l’amitité entre les nations, [...]. » Le mot « culturelle » désignerait alors le « mode de vie » et les « usages » de chacun des « peuples ». Que désignent précisément ces noms ? D’abord, il est fait comme si tous les membres de chaque peuple avaient le même « mode de vie » et les mêmes « usages ». Ensuite et par exemple, est-ce que ça inclut des pratiques religieuses ?
Dans des articles, il y a ceci. Article II : « Les nations s’efforceront de poursuivre le développement parallèle et [,] autant que possible, simultané de la culture dans ses divers domaines, afin que s’établisse un harmonieux équilibre entre le progrès technique et l’élévation intellectuelle et morale de l’humanité ». Article III : « La coopération culturelle internationale s’étendra à tous les domaines des activités intellectuelles et créatrices relevant de l’éducation, de la science et de la culture ». Article IV : « La coopération culturelle internationale, sous ses formes diverses – bilatérale ou multilatérale, régionale ou universelle, – aura pour fins : 1. De diffuser les connaissances, [...] ; 2. De développer les relations pacifiques et l’amitié entre les peuples et de les amener à mieux comprendre leurs modes de vie respectifs ; 3. De contribuer à l’application des principes énoncés dans les Déclarations des Nations Unies rappelées au préambule de la présente déclaration ; 4. De permettre à chaque homme d’accéder à la connaissance, de jouir des arts et des lettres de tous les peuples, de participer au progrès de la science accomplis dans toutes les parties du monde et à leurs bienfaits, et de contribuer pour sa part à l’enrichissement de la vie culturelle ; 5. D’améliorer, dans toutes les parties du monde, les conditions de la vie spirituelle de l’homme et de son existence matérielle ». Article V : « La coopération culturelle est un droit et un devoir pour tous les peuples et toutes les nations, qui doivent partager leur savoir et leurs connaissances ». Article VII : « 1. Une large diffusion des idées et des connaissances, fondée sur l’échange et la confrontation les plus libres, est essentielle à l’activité créatrice, à la recherche de la vérité et à l’épanouissement de la personne humaine. 2. La coopération culturelle mettra en relief les idées et les valeurs qui sont de nature à créer un climat d’amitié et de paix. Elle exclura toute marque d’hostilité dans les attitudes et dans l’expression des opinions. Elle s’efforcera d’assurer à la diffusion et à la présentation des informations un caractère d’authenticité ». Article X : « La coopération culturelle accordera une importance particulière à l’éducation morale et intellectuelle de la jeunesse dans un esprit d’amitié, de compréhension internationale et de paix. [...] ». (Fin des citations.) En conclusion, que chacun qui le veut se fasse sa propre définition de ce qui est désigné par le mot « culturelle » du titre de cette déclaration.

Une question vraiment intéressante est de savoir si les religions sont concernées.
Il est parlé de « connaissance », de « savoir », et les religions n’en relèvent pas puisqu’elles relèvent de la croyance. D’abord, ce n’est pas l’avis des membres de religion qui pensent que la leur a la connaissance, notamment ladite vérité révélée des religions chrétiennes. Ensuite, notamment pour chaque peuple où une domination religieuse existe fortement, au niveau des principes de ce peuple et avec de nombreuses conséquences, est-ce que l’Unesco envisagerait que sa « coopération culturelle » puisse concerner seulement ce qui resterait après avoir omis tout ce qui se rattache à de la religion ? C’est impossible ! Il faut ainsi comprendre globalement que, pour chaque peuple, au moins la religion qui y domine le plus est impliquée dans ladite « coopération culturelle ».
D’ailleurs, même sans tenir compte du mot « connaissances », à l’article VII il y a le mot « idées » qui, objectivement, concerne notamment les diverses conceptions religieuses, et aussi des conceptions non-religieuses ou antireligieuses, notamment athées : « Une large diffusion des idées et des connaissances [...] est essentielle » (à ce qui est indiqué).
Donc, il est certain que les religions sont en jeu, et que l’est aussi la situation de domination plus ou moins forte de chacune là où elle existe, créée et conservée par le pouvoir public de chaque pays.
Alors on peut apprécier correctement l’article 1 de cette « Déclaration des principes de la coopération culturelle internationale » que voici complet.
« 1. Toute culture a une dignité et une valeur qui doivent être respectées et sauvegardées.
2. Tout peuple a le droit et le devoir de développer sa culture.
3. Dans leur variété féconde, leur diversité et l’influence réciproque qu’elles exercent les unes sur les autres, toutes les cultures font partie du patrimoine commun de l’humanité. »
La signification est notamment tout ce qui suit.
- Pour chaque pays où il y a de la domination religieuse (qu’elle existe au niveau des principes avec ses conséquences, ou en contradiction avec des principes contraires comme le sont ceux de liberté et d’égalité), cette tyrannie doit continuer d’exister, et les opprimés doivent donc continuer de l’être sans jamais s’occuper de la renverser ni même de la combattre, et ils doivent donc se taire, ne pas exprimer leur situation d’opprimés, leur opposition. Aucun pays étranger n’a à exercer d’influence dans le but de modifier cet état.
- Pour chaque pays où il y a une domination de l’athéisme, notamment dans les régimes communistes, la situation est la même.
- Pour chaque pays où il y a une tyrannie par un individu arrivé au pouvoir par la force, quelle que soit l’idéologie dont elle s’habille, la situation est la même.
- « Tout peuple a le droit et le devoir de développer » la situation de tyrannie qui existe dans son pays, c’est-à-dire que ses partisans ont ce « droit » et ce « devoir ». Les deux impliquent de s’occuper d’obliger à la conversion ou à faire semblant de cela, avec des conséquences sur les enfants qui eux seront endoctrinés dès le plus jeune âge. Ce « droit » et ce « devoir » impliquent aussi de combattre les récalcitrants le plus possible et même de les tuer si c’est une conséquence de la religion.
- Toutes ces tyrannies « font partie du patrimoine commun de l’humanité » et doivent donc être maintenues.
- Il y a, soit l’illusion que toutes ces tyrannies pourraient avoir une « influence réciproque » bénéfique « les unes sur les autres », soit, plutôt, l’espoir qu’il finira par n’exister que des tyrannies religieuses qui auront une « influence réciproque » bénéfique « les unes sur les autres ».
- Dans un pays particulier, toute révolution ayant pour but de détruire une ou plusieurs de ces tyrannies afin de créer un régime de liberté et d’égalité en droits, ou un régime tyrannique d’une autre sorte, doit être empêchée de pouvoir commencer, et même l’idée de l’envisager doit être combattue, étouffée dès que son existence est connue par le pouvoir public.
- L’évolution de l’humanité est considérée comme ne pouvant pas produire une situation supérieure aux religions et aux tyrannies religieuses.
- L’humanité est considérée comme étant dans l’impossibilité de développer sa connaissance de manière à apporter des réponses certaines à des questions auxquelles des humains, étant encore dans l’ignorance, avaient répondu en créant des croyances religieuses et les pratiques qui vont avec, qui furent et sont encore une des grandes causes de division de l’humanité en groupes opposés et incompatibles, parfois en guerre entre eux, et qui s’allient parfois momentanément pour combattre les opposants à leur domination et à elles-mêmes.
- Ladite « diversité » conçue par l’Unesco ne concerne que les religions qu’elle admet. Elle exclut notamment l’athéisme, la religion sataniste, les cultes satanistes non-religieux, le satanisme sans culte, la neutralité étatique en matière de croyances, la manifestation supramentale en cours. Elle les combat.

Au cas où des tyrans ne comprendraient pas, voici une précision. La plus petite étatisation d’une religion est une conséquence de la considération étatique que cette religion est bonne. Au moins lorsque le pouvoir public est considéré comme le représentant du peuple dont il fait partie, cette considération est donc imposée à tous les membres de celui-ci. Or, tous n’ont pas forcément la même appréciation. Pour ceux qui ne l’ont pas, une tyrannie est créée.

Voilà ce qu’est une partie de cette Déclaration de 66 qui, deux ans plus tard, fut évoquée à propos d’Auroville.

 

 

CHAPITRE 24
AFFIRMATION DE « LA MÈRE », MIRRA ALFASSA, SUR AUROVILLE

 

Livre : Paroles de la Mère I.
P. 207. 16 décembre 1966*.
« Tant que vous êtes pour les uns et contre les autres, vous êtes nécessairement hors de la Vérité.
Vous devriez garder la bonne volonté et l’amour constamment dans votre cœur et les laisser se répandre sur tous avec tranquillité et dans l’égalité d’âme. »

Concernant la première phrase et selon ce qui est dit par Aurobindo et « la Mère », il n’y a que dans la conscience supramentale qu’il n’y a pas de séparations, d’oppositions, de divisions, de conflits, car tout existe et est perçu de manière à ce qu’il en soit ainsi. Dans tous les plans de conscience inférieurs il y en a. Tant qu’un individu ne vit pas dans cet état de conscience supramentale, il est donc normal qu’il se retrouve éventuellement dans des situations où il y a des conflits. D’ailleurs, le monde est un grand terrain de forces qui s’affrontent. L’évolution des sociétés est faite de cela. Il n’y a donc pas à jouer à avoir la conscience supramentale. Même sans parler de cela mais seulement en se référant à des paroles de « la Mère », à des idéaux, il n’y a pas à jouer à l’unité humaine, que ce soit pour justifier la continuation de sa domination tyrannique sur d’autres personnes ou pour justifier sa soumission aux tyrans. Les tyrans de l’unité humaine qui se cachent sous les noms d’Aurobindo, « la Mère », Auroville ou plusieurs d’entre eux, sont aussi à combattre. Jouer à l’unité humaine est du mensonge, de l’hypocrisie. C’est chercher à présenter une image de soi, un masque, plutôt que la réalité. C’est de l’illusion, du refus de jouer le grand jeu de l’évolution, et c’est donc aussi soutenir le mal qui est déjà présent. Lorsque, dans la vie, il y a des causes de conflits, il faut donc accepter que ceux-ci existent, en se mettant si possible dans le bon camp.

Concernant la deuxième phrase, est-ce que ça a de l’effet sur les tyrans ? Est-ce qu’il faut se laisser opprimer, écraser, bloquer ? Lorsque les nazis dominaient en Europe, est-ce qu’Aurobindo et « la Mère » n’intervinrent pas activement contre eux, en soutenant l’effort de guerre et en incitant certains Indiens à soutenir les Britanniques ennemis des nazis alors qu’ils étaient favorables à ces derniers en tant qu’ennemis des colons Britanniques de l’Inde (et peut-être aussi autrement) !?

Le moyen d’agir est de suivre son guide intérieur.

 

 

CHAPITRE 25
SUITE CONCERNANT LA PROCÉDURE QUI MENA À L’AFFILIATION DE LA S.A.S À L’UNESCO, EN CATÉGORIE C

 

Pour la première lecture, il est fortement conseillé de sauter le présent chapitre.

AUTRES AVIS INTERNES À L’UNESCO

À une date pas indiquée, texte écrit à la main par Ruth Lazarus, en anglais dont voici la traduction. « Ce département n’a pas de contact direct avec cette association, nous ne sommes pas au courant de ses activités éducatives. Sur la base des informations disponibles dans le "dossier" ci-joint, nous ne pouvons qu’être d’accord avec la décision de M. Elmandjra de ne pas recommander la catégorie C à cette association. »
Le 21 décembre 66, de Tor Gjesdal. Texte en anglais dont voici la traduction. « Je considère comme douteux que le statut d’organisation non gouvernementale internationale auprès de l’Unesco puisse être recommandé à la Société Auroville. Bien que le projet soit très digne et ait une portée internationale, il me semble néanmoins qu’il s’agit avant tout d’une initiative nationale [indienne]. Votre Note se réfère aussi à la résolution adoptée par la Conférence générale au sujet de la Société Auroville. Cette résolution se borne à recommander le projet à "ceux qui s’intéressent aux idéaux de l’Unesco". La Résolution a été placée dans la section du Bureau de l’information publique, et il est prévu que des efforts appropriés seront faits pour faire connaitre le projet. »

La suite de la la procédure qui mena à l’affiliation de la S.A.S. à l’Unesco, en catégorie C est dans un des prochains chapitres.

 

CHAPITRE 26
EN JANVIER 67, UN MOMENT DE LA RELATION ENTRE JHAVÉRI ET ADISESHIAH, ET ELLE ET L’UNESCO

 

Livre de Jhavéri. Texte en anglais dont voici la traduction.
P. 105. « Pour commencer [avec l’Unesco], nous fûmes admis, en 1966, dans la catégorie "C" des relations, ce qui signifiait un échange d’informations sur nos activités mutuelles. Ce fut le début d’un travail qui devait occuper une grande partie de ma vie à l’Ashram jusqu’en 1975. »
P. 108. « Le 2 janvier 1967, le Dr Adiseshiah vint me voir. [...] [P. 109.] Je lui demandai également si la Société [la Société Sri Aurobindo] ne pouvait être promue à la catégorie B impliquant une relation consultative avec l’Unesco, vu qu’Auroville avait été proposée comme projet pour célébrer le 20e anniversaire de l’Unesco en 1966. Il dit que nous devrions le faire par l’intermédiaire de la Commission nationale indienne auprès de l’Unesco avant la Conférence générale de 1968. »

En janvier 67, l’Unesco n’avait pas encore pris de décision, et on pourrait penser que Jhavéri tenta d’inciter Adiseshiah à pousser l’Unesco à créer une première affiliation directement en catégorie B, c’est-à-dire sans avoir d’abord été en catégorie C.
Mais puisqu’elle indiqua, à tort, que l’affiliation en cette dernière catégorie avait déjà été faite en 66, elle exprima qu’elle chercha à faire passer de la catégorie C à la B : c’est ce qu’exprime le mot « promue ».

Pour tenter d’inciter Adiseshiah à soutenir cette demande, Jhavéri invoqua les mensonges de l’année 66 : « vu qu’Auroville avait été proposée comme projet pour célébrer le 20e anniversaire de l’Unesco en 1966 ».
En disant cela, elle exprima qu’elle savait que ces mensonges existaient car, sinon, elle aurait dit : vu qu’Auroville avait été créée pour célébrer » etc.
Par ailleurs, il n’y avait pas à dire cela. Il semble que Jhavéri voulut dire ceci : vu que l’Unesco avait accepté le projet de résolution sur Auroville dont la S.A.S. était à la première origine, cette association pouvait donc être promue en catégorie B.

 

 

CHAPITRE 27
AFFIRMATION DE « LA MÈRE », MIRRA ALFASSA, SUR AUROVILLE

 

Citation du livre Paroles de la Mère I, p. 208.
Du 16 mars 1967*. « (Message gravé dans la pierre et placé à proximité d’un étang avec des lotus.) Auroville est l’abri construit pour tous ceux qui veulent se hâter vers un avenir de Connaissance, de Paix et d’Unité. »
Ça n’arrivera pas par de l’agitation mentale (et ses conséquences) mais par un développement de plus en plus grand selon le yoga intégral jusqu’à atteindre la situation où il y a les trois éléments indiqués.

 

 

CHAPITRE 28
CONCERNANT LA PROCÉDURE QUI MENA À L’AFFILIATION DE LA S.A.S À L’UNESCO, EN CATÉGORIE C, SUITE ET FIN LE 20 AVRIL 67

 

Pour la première lecture, il est fortement conseillé de sauter le présent chapitre ou de ne lire que les titres de partie.

 

DÉCISION D’AFFILIER EN CATÉGORIE C

La date précise de la décision n’est pas connue ici mais il y a ceci. Texte en français.
Document 76 EX/20 datant du 4 avril 67. Page 5, il y a notamment les § 27 à 30. Le n° 29 est ceci. « Conformément aux dispositions précitées, le Directeur général communique ci-après au Conseil exécutif, pour information, la liste des organisations qu’il a classées dans la catégorie C depuis la fin de la 73e session du Conseil [exécutif] (Annexe II). » Dans cette annexe II, il y a notamment ceci où les soulignement ne sont pas reproduits. Concernant les « Organisations admises en catégorie C », en relevant de la partie de l’Unesco relative aux « Sciences sociales, sciences humaines et culture », il y a « Sri Aurobindo Society ».
Dans la série des volumes du Conseil exécutif de l’Unesco, qui est un des organes de cet organisme, le document est relié dans le recueil suivant : Conseil exécutif / 1967 / Volume LXIII / 76e session.

 

14 AVRIL 67, INFORMATION DE LA DÉCISION D’AFFILIER EN CATÉGORIE C

Lettre du 14 avril 67 adressée par René Maheu, Directeur général de l’Unesco, à Kailas Jhavéri. Texte en anglais dont voici la traduction.
« DG/8/A.372
Madame,
J’ai le plaisir de vous informer que, conformément aux dispositions du paragraphe II.2 des Directives concernant les relations de l’Unesco avec les organisations internationales non gouvernementales, adoptées par la Conférence générale à sa onzième session et dont copie est jointe, j’ai décidé admettre la Société Sri Aurobindo à la catégorie de relation d’information mutuelle (catégorie C).
Les sections III et IV des Directives, qui définissent les obligations des organisations internationales non gouvernementales et les avantages qui leur sont accordés, précisent en particulier que les organisations admises en catégorie C sont tenues de faire connaitre à leurs membres, par tous les moyens dont ils disposent, celles des activités et réalisations du programme de l’Unesco qui sont susceptibles de les intéresser, et de tenir le Directeur général informé de leurs activités qui correspondent aux programmes de l’Unesco ainsi que de l’assistance fournie pour atteindre les objectifs de l’Unesco.
Conformément au paragraphe II.7 des Directives, la nouvelle relation entre votre Organisation et l’Unesco deviendra effective lorsque l’organe compétent de votre organisation aura exprimé son accord.
Cordialement vôtre, / René Maheu. »

 

20 AVRIL 67, ACCEPTATION PAR LA S.A.S.

Lettre du 20 avril 67 adressée par Jhavéri à René Maheu, Directeur général de l’Unesco. Texte en anglais dont voici la traduction.
« Cher monsieur,
C’est avec gratitude que j’accuse réception de votre lettre, - Réf. SG/8/A.372 - datée du 14 avril 1967, m’informant de votre décision d’admettre la Société Sri Aurobindo à la catégorie des relations d’information mutuelle. Conformément au paragraphe 11.7 des Directives, je signifie par la présente l’accord de la Société Sri Aurobindo.
Cordialement vôtre, / [Signature.] / Kailas Jhavéry, / Secrétaire de la Section Unesco »
Dans la S.A.S., il y eut probablement de la satisfaction à être affiliée ainsi mais il y eut surement aussi du déplaisir à ne pas être admis en catégorie B ou même A. La S.A.S. ne pouvait que repartir à l’assaut pour tenter d’y être.

 

27 AVRIL, DATE DE LA RÉCEPTION DE LA LETTRE AU BUREAU DU D.G.

La lettre du 20 avril 67 fut reçue le 27 suivant au service du Directeur général de l’Unesco, comme indiqué par le tampon placé dessus lors de sa réception et une inscription manuscrite dedans. (Les tampons de ce genre qui sont sans inscription manuscrite compréhensible ne sont pas toujours lisibles alors qu’ils sont faits pour l’être.)

 

QUELLE EST LA DATE DE L’AFFILIATION ?

Selon le paragraphe II.7 des Directives, les nouvelles relations entre une organisation non gouvernementale et l’Unesco entrent en vigueur lorsque l’organe compétent de cette organisation exprime son accord.
Selon cela, c’est la date du 20 avril qui est celle de l’affiliation.
Mais il y a peut-être le sous-entendu qu’il faut que cet accord soit connu par l’Unesco. En ce cas, c’est la date du 27 avril qui est celle de l’affiliation.

 

LE DÉCISION DU DIRECTEUR GÉNÉRAL FUT NOTÉE PAR LE CONSEIL EXÉCUTIF

Document 76 EX/Décisions, du 30 mai 67, p. 24. « Prend note des paragraphes 27 à 30 et des annexes II et III du document 76 EX/20, relatifs au classement par le Directeur général des organisations internationales non gouvernementales en catégorie C (relations d’information mutuelle), [...]. » Dans la série des volumes du Conseil exécutif de l’Unesco, le document est relié dans le recueil suivant : Conseil exécutif / 1967 / Volume LXIII / 76e session.

 

 

CHAPITRE 29
4 OCTOBRE 67, DEMANDE FAITE PAR LA S.A.S. À L’UNESCO DE TRANSMETTRE AUX ÉTATS MEMBRES L’NVITATION À PARTICIPER À LA CÉRÉMONIE DE « POSE DE LA PREMIÈRE PIERRE » D’AUROVILLE, EN DISANT CE QUE LES REPRÉSENTANTS DE CHACUN DEVRONT FAIRE, ET PREMIÈRE CONSÉQUENCE

 

Lettre du 4 octobre 67 émanant de la S.A.S. et envoyée à l’Unesco. Texte en français.
« Monsieur le Directeur Général,
La Société Sri Aurobindo, organisation internationale non gouvernementale bénéficiant de relations d’information mutuelle (catégorie C) a l’honneur de porter à votre connaissance que la pose de la première pierre d’Auroville aura lieu le 28 février 1968.
Afin de conférer à cette cérémonie un caractère à la fois largement international et tourné vers l’avenir, la Société désire inviter les États membres de l’Unesco à désigner, chacun en ce qui le concerne et par les moyens qui lui sembleront appropriés, un jeune homme et une jeune fille d’environ 15 à 20 ans qui seraient chargés de déposer sur le site d’Auroville un peu de terre de leur pays.
Des pourparlers sont d’ores et déjà en cours avec la Compagnie Air India pour l’organisation du voyage des enfants. Ceux-ci seront hébergés dans un bâtiment spécial mis à la disposition de la Société par le JIPMER (Jawaharlal Institute for Post-Graduate Medical Education and Research), à Gorimédou, près Pondichéry.
Je vous serais reconnaissant d’attirer l’attention des États membres de l’organisation sur ce projet, dans l’esprit de la résolution 4.36 adoptée par la Conférence générale lors de sa 14ème session.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Directeur général, l’assurance de ma haute considération.
Secrétaire général / [Signature.] /Navajata / Copie à [...] »

La cause du choix de la date ne fut pas indiquée : c’était le jour le plus proche de la première manifestation supramentale sur la Terre, qui exista le 29 février numéroté 1956 par tyrannie chrétienne. Auroville est liée à cela.
« déposer sur le site d’Auroville un peu de terre de leur pays » : il est probable que ce qui exista finalement, le dépôt dans une urne de marbre, n’avait pas encore été imaginé.
Ça expliquerait aussi pourquoi il est parlé de « la pose de la première pierre ».
Aux terres de pays à déposer, la signification est dans ceci : « conférer à cette cérémonie un caractère à la fois largement international et tourné vers l’avenir ». Ces quatre derniers mots peuvent correspondre à l’activité d’humains agissant par eux-mêmes tels qu’ils sont, et aussi à l’ouverture à un plan de conscience supérieure.
Ce qui était demandé à l’Unesco ne relevait pas de « relations d’information mutuelle ».
Par contre, ça relevait de « l’esprit de la résolution 4.36 » : « La Conférence générale, [...] ce projet [...] et le recommande à l’attention de tous ceux qui s’intéressent aux idéaux de l’Unesco. »

Dans le dossier bleu, il y a un document proche en haut duquel, à la date du 22 janvier 68, il est demandé à Tor Gjesdal, Sous-Directeur général pour l’information, quelle suite il donna à la lettre de la S.A.S. du 4 octobre 67.
En bas de cette page il y a la réponse datée du 25 janvier 68. Texte en français. « En réponse à la lettre de la Sri Aurobindo Society, Mr. Gjesdal a envoyé une lettre circulaire à toutes les Commissions nationales pour l’Unesco dont vous trouverez copie ci-jointe. »
Le lettre envoyée à chaque Commission nationale n’est pas dans le dossier bleu. (Elle est peut-être dans un dossiers des successeurs de Gjesdal.)
Par contre, il y a ce qui semble être un modèle de lettre que chacune devait envoyer au ministre compétent de son pays. La voici. Texte en français.
« Monsieur le Ministre,
Dans la résolution 4.36 qu’elle a adoptée à sa quatorzième session, la Conférence générale de l’Unesco prenant note du projet qu’a conçu la Société Sri Aurobindo, de Pondichéry (Inde), de créer une "cité culturelle" appelée "Auroville", a exprimé sa conviction "que ce projet contribuera à promouvoir la compréhension internationale et la paix" et l’a recommandé à l’attention de "tous ceux qui s’intéressent aux idéaux de l’Unesco".
Le Directeur général est maintenant informé par la Société Sri Aurobindo (voir lettre ci-jointe) que la première pierre d’Auroville sera posée le 28 février 1968, et que la Société désire inviter chacun des États membres de l’Unesco à désigner un jeune homme et une jeune fille pour assister à la cérémonie et déposer sur le site d’Auroville une poignée de terre apportée de leur pays.
Le Directeur général tient à signaler ce projet à l’attention des États membres, et leur conseille d’adresser directement à la Société Sri Aurobindo toute correspondance à ce sujet.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, les assurances de ma haute considération.
[Signé :] Tor Gjesdal
Sous-Directeur général pour l’information »

 

 

CHAPITRE 30
JANVIER ET FÉVRIER 68, QUELQUES-UNES DES ACTIONS DE PRÉPARATION À LA FONDATION D’AUROVILLE

 

Livre de Jhavéri. Texte en anglais dont voici la traduction.
P. 125, oui : 125. « En 1968, nous nous préparâmes à la Fondation d’Auroville. Je demandai à la Mère d’écrire une Charte pour Auroville, indiquant son statut, ses buts et ses objectifs. Elle écrivit une Charte succincte et la plus magnifique.
Il fut décidé qu’un garçon et une fille de moins de vingt-cinq ans viendraient de chaque pays, portant de la terre et des rubans aux couleurs du drapeau de leur pays.
On me demanda d’aller à Delhi pour contacter les ambassades étrangères et les inviter à envoyer leurs jeunes participer à la cérémonie de fondation d’Auroville. J’écrivis donc à la Mère le 12 janvier 1968 :
"[...] Navajata me demanda ce matin si je pouvais aller à Delhi pour environ cinq jours et contacter les différentes ambassades concernant la participation de la jeunesse de leur pays respectif à la cérémonie d’inauguration d’Auroville prévue pour le 28 février. [...] Maintenant, sentez-Vous [P. 126.] que cela soit nécessaire ? […]" À cela, la Mère répondit :
"Tu dois aller à Delhi seulement si tu sens que tu peux faire le travail efficacement et utilement. En tout cas, mes bénédictions sont avec toi." f.30
Maintenant, puisqu’il n’y avait pas de réponse directe de la part de la Mère, je devais décider par moi-même. [...] La réponse arriva [...]. […]
[...] J’allai à Delhi pour faire mon travail. J’invitai aussi M. Salah-El-Din Tewfik, représentant de l’Unesco pour l’Inde, à venir à l’inauguration d’Auroville et sa cérémonie de fondation. »
Jhavéri s’adressait à Mirra Alfassa « la Mère » de manière abusive pour savoir ce qu’elle avait à faire et elle fut renvoyée à elle-même.

P. 123, oui : 123. « Le 24 janvier 1968, j’écrivis une lettre à la Mère comme suit : [...] Je ressens une sorte d’impulsion intérieure de voir Sat avant qu’il parte pour Paris [...] Je demande seulement parce que je ressens cette impulsion persistante depuis quelques jours. Et je suis prête à partir seulement si c’est votre volonté. S’il vous plait donnez votre avis. [...]"
La Mère répondit : [Ici, une reproduction du message manuscrit puis il y a la transcription suivante, p. 124 :] "Ton sentiment est juste. Si tu peux le rencontrer à Madras, vas-y avec mon aide et mes bénédictions, et fais ce que tu veux faire. Avec amour."
J’allai à Madras et le rencontrai. Nous discutâmes du projet d’Auroville et je l’informai de la fondation prévue pour le 28 février avec des détails de la cérémonie qui existera. Il fut très impressionné par la vision de la Mère et dit que ses meilleurs vœux étaient avec nous. »

 

ANNEXE

Il est parlé d’un message de « la Mère » qui se termine par les mots « sont avec toi », « are with you ». Il est reproduit dans le facsimilé n° 30. Parmi les 74 messages adressés par « la Mère » à Jhavéri et qui sont reproduits dans le livre en facsimilé, un seul texte se termine par les mots « sont avec toi ».
De cela d’abord, on acquiert la certitude que des passages qui sont sur les pages 105 et 106 et qui sont déjà reproduits dans une annexe placée plus haut sont relatifs aux démarches effectuées par Jhavéri à Delhi en 68 et qui sont indiquées p. 125 et 126. Cette certitude vient aussi des évènements qui sont décrits, qui correspondent à ces démarches et n’auraient pas eu de cause en 66.
Revoici ces passages des p. 105 et 106, avec en plus leur commentaire.

P. 105. « [...] Il me fut demandé d’aller à Delhi pour contacter les ambassades au sujet du projet d’Auroville. En réponse, la Mère m’envoya une carte avec les mots suivants : "Kailas, mon amour et mes bénédictions sont avec toi".
Quand je fus à Delhi, il m’apparut que j’avais besoin d’une désignation [, d’un titre,] pour approcher les ambassades. Donc, j’écrivis à Navajata. [P. 106.] Il m’envoya un télégramme disant que la Mère m’avait désignée comme "Secrétaire en charge de la section de l’Unesco". Un deuxième télégramme arriva, transmettant l’approbation de la Mère pour contacter la Fondation Ford pour tenter d’en recevoir des fonds. f.23 »
« f.23 » = voir la reproduction n° 23 d’un message manuscrit de « la Mère » qui, p. 635, est dit être un des Facsimilés. (Concernant ce facsimilé 23, un commentaire est placé plus haut dans une annexe.) Sur cette p. 105, pour le texte qui se termine par « sont avec toi », la référence du facsimilé n’est pas indiquée. C’est le n° 30 indiqué p. 126.
Ce fut surement Navajata qui indiqua à Jhavéri d’aller à Delhi.
Est-ce lui qui eut l’idée de s’adresser à la Fondation Ford et la soumit à « la Mère », qui approuva, ou est-ce que ce fut Jhavéri ? Dans les deux cas, « la Mère » laissait agir les individus qui tentaient de faire avancer le projet.

Suite immédiate.
« Je contactai quelques ambassades importantes représentant tous les six continents. […]
Je rencontrai aussi le directeur de la Fondation Ford. Il répondit avec enthousiasme au projet d’Auroville, disant que c’était un projet unique, ajoutant : "Auroville a tout le potentiel pour contribuer de façon vivante à la paix, à l’unité et à la coopération internationale, mais la fondation ne peut pas donner l’argent de départ. Le projet devra aller un peu plus loin dans sa mise en œuvre avant de pouvoir envisager cela." »
Est-ce la rencontre avec ce directeur exista en 66 ou en 68 ? Pour le savoir, regarder la date du télégramme.

 

 

CHAPITRE 31
28 FÉVRIER 68, FONDATION D’AUROVILLE AVEC NOTAMMENT LA LECTURE DE SA CHARTE

 

Le 28 février de l’année numérotée 1968 par tyrannie chrétienne fut le jour de la fondation d’Auroville, le jour de la cérémonie de cela.

 

LA CHARTE ET SA LECTURE

« La Mère », de son logement à Pondichéry, lut la Charte d’Auroville, ce qui fut transmit en direct par la radio pendant la cérémonie à Auroville. Ce qui suit vient du livre Paroles de la Mère I, p. 208 et 209, où toutes les parenthèses ouvrantes n’auraient pas dû être placées d’après le texte manuscrit qui suit. Texte en français.
« Charte d’Auroville
(1) Auroville n’appartient à personne en particulier. Auroville appartient à toute l’humanité dans son ensemble.
Mais pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine.
(2) Auroville sera le lieu de l’éducation perpétuelle, du progrès constant et d’une jeunesse qui ne vieillit point.
(3) Auroville veut être le pont entre le passé et l’avenir.
Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s’élancer vers les réalisations futures.
(4) Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète. »

Pour qu’Auroville puisse être vraiment ce qui est indiqué aux points 2 à 4 de la Charte, il faut que chacun de ses habitants adultes (au moins) s’occupe d’être « le serviteur volontaire de la Conscience Divine ».
Plus ça sera fait, plus il y aura les conséquences naturelles indiquées à ces points 2 à 4.

Concernant l’expression « serviteur volontaire de la Conscience Divine », la conception en jeu est qu’il y a notamment ceci. Partout sur la Terre, il y a déjà dans l’individu ce que Sri Aurobindo et « la Mère » nomment le psychique. C’est ce que perçoit déjà toute personne qui, par exemple, étant sur le point d’effectuer une action, perçoit en elle le sentiment, la sensation, que si elle la faisait, elle se trahirait. Elle peut alors décider de ne pas faire l’action et s’en sent soulagée. Si elle la fait, elle peut en percevoir un malaise si la motivation l’ayant poussée à se trahir et à laquelle elle s’est identifiée n’est pas suffisamment forte pour l’empêcher de sentir cela. L’autre exemple est le cas contraire de la personne qui se sent poussée à faire une action et qui perçoit que ne pas l’accomplir la fait être dans une situation de trahison d’elle-même, de malaise. Le psychique est aussi appelé le guide intérieur. En agissant selon lui, la situation dans laquelle on est finit tôt ou tard par en être modifiée, est davantage en harmonie avec lui, lui offre davantage la possibilité de guider, d’être exprimé et, lorsque vient un nouveau choix de vie, choisir de suivre son guide intérieur crée une situation qui est encore plus en harmonie avec lui, lui offre davantage la possibilité de guider, etc. Chaque fois, ça peut provoquer des remises en question de sa vie, des bouleversements, individuels (par exemple quitter son emploi rémunérateur sans savoir ce qu’il y aura après, ou prendre le risque de le perdre ou, avant même d’avoir eu un premier emploi, se retrouver dans une situation de grande précarité matérielle) et parfois collectifs. (Ce psychique n’est jamais perdu et donc jamais à sauver. Lorsque le comportement de l’individu lui est trop contraire, le psychique se retrouve recouvert, comme retiré, mais il est toujours là, prêt à s’exprimer dès qu’il y en a la possibilité.) On se développe ainsi, on unifie sa personnalité autour de lui. Le psychique peut aussi pousser à refuser ou rejeter une religion ou toute autre groupe qui imposerait des croyances et des règles contraires à lui-même et son développement. Il peut pousser à chercher autre chose, à s’ouvrir à autre chose. Même un matérialiste peut éventuellement être intéressé à comprendre ainsi ce qui se passe ou peut se passer en lui. Le psychique peut aussi pousser à s’ouvrir à une conscience supérieure qui a ainsi l’occasion de commencer même petitement à se manifester, et il y a des conséquences dans la vie, et d’autres pas sont franchis, et le développement continue, etc. Lorsqu’on s’occupe d’agir consciemment pour cela, ça relève du yoga intégral d’Aurobindo et « la Mère ». Partout sur la Terre, des individus peuvent agir ainsi, et Auroville est un lieu spécial parce qu’elle est une ville qui fut créée pour cela.
Dans la Charte, l’expression « il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine » correspond d’abord à l’effort fait relativement à la reconnaissance de ce qui provient de son psychique, c’est-à-dire à distinguer celui-ci d’autres parties de soi-même, et à le prendre pour guide le plus possible. Elle correspond aussi à l’effort fait pour contribuer à manifester une conscience supérieure, dite « supramentale » par Sri Aurobindo et « la Mère », qui avait commencée à se manifester et était en train de l’être davantage. L’enjeu, notamment dans Auroville, est de s’occuper de s’y ouvrir, de la laisser ouvrir, de la recevoir, de s’en faire l’instrument, le « serviteur », le « serviteur volontaire ».

(Indiquer l’existence du psychique et de le prendre pour guide ne fut pas un apport d’Aurobindo et « la Mère » car ça avait déjà été apporté et développé en Inde. C’est évidemment très différent et le contraire de l’idée présente dans les religions dites monothéistes, qui ont l’idée d’un être créateur de l’univers, et qui ont la croyance en ce qui, dans les religions chrétiennes, est appelé péché originel. Cette notion est que, dans chaque être humain, il y a une zone de corruption qui provoque de mauvaises pensées, de mauvaises volontés, de mauvais comportements, etc., et dont on ne pourrait échapper à l’influence qu’en obéissant à ce que racontent des prêtres qui, eux aussi, seraient corrompus pareillement mais qui seraient possesseurs d’une prétendue vérité révélée et s’en feraient les intermédiaires. Dans la notion de péché originel, il y a celle de culpabilité, qui correspond à la culpabilité d’être un être humain comme celui-ci l’est, qui le fait s’intéresser au passé (prétendu) et à lui-même pour une mauvaise cause, et qui l’empêche de se tourner vers l’avenir et de s’ouvrir à la suite de l’évolution. Dans le temps, l’humanité actuelle, pour ne parler que d’elle, vécut la plus grande partie de son existence sans être souillée par la notion de péché originel. Depuis son apparition il y a environ 4000 ans, la plus grande partie de l’humanité n’en fut pas souillée. Est-ce que la notion de péché originel est la plus anti-humaine qu’eurent des humains ?

Par contre, l’action relative au supramental, à sa manifestation, fut un apport d’Aurobindo et la Mère.
Ce qui fut nouveau aussi fut l’annonce, rapportée ci-après de manière approximative et peut-être même partiellement erronée, que, lorsque le psychique est suffisamment développé, il se supramentalise, se densifie de la nouvelle matière supramentale, et ainsi finira par faire apparaitre la nouvelle sorte d’être.)

Pour « séjourner à Auroville, il faut » donc « être le serviteur volontaire de la Conscience Divine ». Ça concerne toute cette ville, notamment sa zone internationale. Les individus qui vivent ou vivront dans les Pavillons de pays doivent d’abord s’occuper d’agir ainsi, manifestant de plus en plus un nouvel état de conscience, et ça a des conséquences. Ainsi, concevoir chaque Pavillon comme servant seulement à présenter ce qui existe déjà dans le pays correspondant est une erreur.
Et ça concerne la création même de chaque Pavillon de pays. Chaque création doit être la conséquence de davantage de manifestation supramentale, dans le pays en jeu, même si c’est de manière très petite.
Tout bâtiment qui pourrait être créé dans Auroville sous une mauvaise impulsion ne pourrait pas continuer d’exister.

Lorsqu’il n’y a pas l’action de s’occuper d’être « le serviteur volontaire de la Conscience Divine », les actions faites pour correspondre aux points 2 à 4 de la Charte peuvent ne relever que de l’agitation mentale. Ça n’empêche pas qu’elles puissent finir par être utiles, par exemple parce qu’elles provoquent des réactions d’opposition.

Le nom « éducation perpétuelle » ne signifie pas que toute la ville ou une grande partie d’elle doive être faite d’enseignants et d’enseignés, et surtout pas une ville entièrement universitaire, un campus. Le nom est relatif au développement de chacun, avec éventuellement des conséquences autour de soi.

Au moins à partir du 28 février 68, l’Unesco ne put pas ignorer que de ladite « Conscience Divine » était en jeu. Au minimum, elle aurait pu s’interroger sur la signification de ces mots et chercher la réponse là où elle pouvait être trouvée. Mais elle préféra se comporter ensuite comme s’ils n’étaient pas écrits dans la Charte. Elle décida de s’aveugler. Tous les représentants de pays en jeu décidèrent aussi de faire cela.

 

SUITE DE LA CÉRÉMONIE À AUROVILLE

À Auroville, après l’audition du texte lu en français par « la Mère », d’autres personnes sur place le lirent en de nombreuses autres langues.

Il semble que ce soit pendant ces lectures qu’il y eut ceci. [Passage qui fut modifié là où il y avait et là où il y a le mot amphithéâtre.] Au sommet dun petit monticule était une urne de marbre blanc en forme de bouton (allongé) de lotus, et quelqu’un déposa dans celle-ci un peu de terre de l’Ashram de Pondichéry. Puis il y eut un défilé de personnes de nombreux pays (et, dit-on, de régions de lInde), dans l’ordre alphabétique anglais de ceux-ci, qui, tour à tour, déposèrent un peu de la terre de leur pays. On y déposa aussi un récipient en acier inoxydable, comme un tube fermé, qui contenait un papier roulé sur lequel « la Mère » avait écrit la Charte d’Auroville en français. (Il y a une photographie avec notamment ce récipient p. 127 du livre de Jhavéri.) Puis de la terre d’Auroville fut déposée dans l’urne par les deux petites-filles de « la Mère », et l’urne fut scellée. (Plus tard, autour du petit monticule furent construits les gradins damphithéâtre ayant peu de hauteur et faits de briques rouges.)
Le lotus est le symbole du développement psychologique intérieur.
Le fait qu’il soit en bouton, c’est-à-dire pas encore épanoui, exprime l’idée qu’il y a quelque chose qui est déjà là mais pas encore complètement, et c’est relatif au supramental.
Ça correspond au nom Auroville, ville de l’aurore, l’aurore d’un monde nouveau à cause du supramental. Celui-ci commenca à se manifester sur la Terre le 29 février 56 et continue de se manifester partout où c’est possible.
Les diverses terres mises dans l’urne ne correspondent donc pas à mettre ensemble ce qui existe déjà sur la Terre pour que cela, seul, puisse créer un monde de ladite « unité humaine », de paix, etc.
La Charte présente dans l’urne indique la vraie signification d’Auroville.

Livre de Jhavéri, p. 128. Texte en anglais dont voici la traduction : « […] la terre des États de l’Inde et d’autres pays fut mise dans l’urne par ordre alphabétique, unissant ainsi leur aspiration pour l’unité humaine ».
Il est parlé de la terre des États-régions qui sont internes à l’État-pays nommé Inde.
Le mot aspiration exprime l’idée qu’il n’y a pas seulement ce qui existe dans chaque pays mais ce qui n’y est pas encore.

Dans L’Agenda de Mère, tome 11 publié en 1981*, p. 84 il y a ceci, qui fut dit le 11 février 70. « Il y a un attaché d’ambassade [français] qui est venu, qui a diné au consulat avec R et F et Baron (l’ancien gouverneur de Pondichéry), et c’était sa fille qui était venue à l’inauguration d’Auroville pour mettre la terre de France. » (Les crochets et leur contenu sont dans le texte cité.)
Il serait intéressant d’avoir des témoignages de personnes qui déposèrent de la terre. Lors de cette action, quelle signification donnaient-elles ?

Lors de la cérémonie, des représentants du Pakistan furent-ils présents ? (À l’époque, ce pays n’avait pas encore était divisé en deux.) Si oui, et puisque les deux pays sont considérés devant finir par disparaitre en tant que tels pour être intégrés, réintégrés, dans l’Inde, déduire la valeur de la présence des représentants de pays.
Pareil pour d’autres pays considérés comme devant finir par disparaitre en tant que tels.

 

PROBLÈMES À PROPOS DU NOM « CONSCIENCE DIVINE »

Les passages cités sont dans le tome 9 de L’Agenda de Mère mais ce qui suit est reproduit d’après le site internet russe : aurobindo.ru .
Après la fondation d’Auroville faite le 28 février 68, paroles de « la Mère ».

Entretien du 2 mars 1968*.
« (À propos de la Charte d’Auroville.)
[La Mère :] Tout le monde veut changer mes messages !...
[Satprem :] Changer !
Oui.
Pourquoi ?
(Mère rit) Chacun parce que les mots, ne sont pas ceux qu’ils veulent... Il y a eu toute une histoire avec les communistes et le consulat des Soviets : un homme parait-il très intelligent, lecteur de Sri Aurobindo, tout à fait intéressé, voulant être utile et... il dit : "Qu’est-ce que je peux faire avec la "conscience divine ! 1 (Mère rit) Le mot est interdit chez nous." On lui a dit : il ne s’agit pas de Dieu (n’est-ce pas, qu’on interdise Dieu, je comprends très bien parce que l’on met ce qu’on veut là-dedans), et il a dit : "Je ne peux pas." Ils ont envoyé une traduction en russe, qui heureusement est arrivée après la cérémonie, qui était la traduction de leur propre pensée mais pas du tout celle de mon texte ! Alors on leur a répondu que c’était arrivé trop tard. C’est T qui a traduit, mais elle a refusé de lire parce qu’elle a dit que c’était une "trop grosse responsabilité" ! (Mère rit) Ils sont tous comme cela. Finalement, c’est S qui a lu. Mais alors, nous avons un architecte communiste, russe, qui a travaillé beaucoup-beaucoup pour Auroville, pour les maquettes, etc. (un jeune homme, très gentil), et il est venu hier avec une prière : s’il pouvait changer le mot "Divine". Je lui ai demandé : "Qu’est-ce que vous m’offrez ?" Il m’a dit : "La conscience universelle." Alors je lui ai répondu (riant) : "Vous la rapetissez terriblement !" Il était ennuyé, comment faire ? Je lui ai dit : "Écoutez, je vous fais une concession ; si vous voulez, on dira : la ’conscience parfaite’, c’est anodin." Et il a été content, je lui ai écrit "conscience parfaite" sur son papier et il est parti avec !
Mais ici, le groupe... (comment va-t-on les appeler ?)... les disciples de Y, le groupe "en avant", n’aime pas du tout "conscience divine", alors celle qui a traduit en allemand et qui est une disciple (pas directement de Y, mais disciple de M), est allée trouver M pour son aide (morale probablement), et ce qu’ils ont trouvé de mieux, c’est "la conscience la plus haute"... Alors j’ai demandé : "Où est votre haut, où est votre bas ?"
À moi, ils ne m’ont rien demandé, ils sont trop surs d’eux-mêmes. Mais on a lu leur texte à Auroville et des gens qui ont entendu et qui savent l’allemand m’ont dit : "Comment se fait-il ?"... C’est comme cela que je l’ai su. "Comment se fait-il que, dans la version allemande, on ait traduit la conscience divine par la conscience la plus haute ?"
Alors chacun y met du sien !
Mais on va faire une petite brochure du message et de toutes ces traductions, en japonais, en hébreu, en arabe, etc., ça va être photographié, alors on rétablira le texte allemand. Oh ! le texte russe...
Mais c’est amusant comme "cité de la paix" ! (Riant) Ça promet !
Ça m’est égal ; ce que je trouve tout petit, c’est de ne rien me dire, de le faire en cachette. Espérer que je ne le sache pas est un enfantillage, et la tendance à vouloir me cacher n’est pas très jolie.
Mais dans l’ensemble, ça s’est bien passé.
Nous avons un drapeau d’Auroville qui est très joli, on l’a apporté là-bas ; il n’y avait que deux drapeaux (les autres pays avaient des banderoles), mais il y avait le drapeau de l’Ashram et le drapeau d’Auroville. Il est de cette couleur-là
(Mère montre un hibiscus orange sur sa table).
Quant aux jeunes délégués, c’était assez mélangé : ceux qui sont venus spontanément de leur pays ou recrutés par l’Unesco, c’était très convenable ; et puis on a fait un recrutement presque par propagande, à Delhi (beaucoup sont venus des ambassades là-bas), ça, c’était... il y en avait de douteux. Il y en avait qui fumaient, il y en avait même un qui s’est saoulé d’une façon... Mais tout de même, quand ils étaient ensemble, ils se conduisaient convenablement. Et alors il y en a un – un Tchécoslovaque – qui ne veut plus partir ! Il a dit en tout cas qu’il attendrait tant qu’il faut, mais qu’il voulait me voir avant de s’en aller.
[Satprem :] Mais on voit bien – on voit bien comme la Force et la Grâce travaillent à travers tout.
[« La Mère » :] Oui.
[Satprem :] Parce que, vraiment, s’il n’y avait eu que ces éléments-là livrés à eux-mêmes, eh bien, il n’y avait rien, c’était la confusion. On voit bien que ça travaille... ça travaille, ça se sert de n’importe quoi !
[« La Mère » :] Non, elle tire avantage même des pires choses ! c’est cela qui est intéressant.
(silence) »
Il fut dit : « Mais c’est amusant comme "cité de la paix" ! (Riant) Ça promet ! » Ce fut dit avec un amusement ironique. Dommage que « la Mère » n’ait pas développé en quelques mots à ce moment ! On devine que la compréhension erronée qui avait commencée par « cité de la paix » pouvait continuer et provoquer d’autres conceptions erronées d’Auroville, d’autres confusions, d’autres illusions.

Le 13 mars 68.
« C’est la grande querelle maintenant à propos d’Auroville : moi, dans la "Charte", j’ai mis "Conscience Divine" [« pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine »], alors ils disent : ça fait penser à Dieu. J’ai dit (riant) : moi, ça ne me fait pas penser à Dieu !... Alors les uns traduisent "la plus haute conscience", les autres mettent autre chose. Je suis tombée d’accord avec les Russes pour mettre "Conscience parfaite", mais c’est une approximation... Et c’est Cela – qu’on ne peut pas nommer et qu’on ne peut pas définir – qui est le Pouvoir suprême. C’est le pouvoir suprême qu’on trouve. Et le Pouvoir suprême est seulement un aspect : l’aspect qui concerne la création. »

Ci-après, trois citations concernant les mots « Dieu » et « Divin ». Elles proviennent de l’ouvrage suivant : L’Agenda de Mère, Paris : Institut de recherches évolutives.
Tome 10 de 1981*. Entretien du 24 décembre 69, p. 517. « Dans ses Aphorismes, Sri Aurobindo employait partout le mot "God", et nous avons traduit par "Dieu". Et le mot Dieu évoque maintenant dans l’esprit des hommes des choses inacceptables. Alors je suis embarrassée. Même "Divin", n’est-ce pas... En anglais, Divin est bien parce que ce n’est pas "God" (!) c’est Divine. Mais en français, "Divin" ressemble à Dieu ! Et pourtant, c’est le seul mot, parce que, autrement, "vérité" est partiel, "conscience" est partiel, tout ce que l’on met est partiel. [...] Dans l’un de ses Aphorismes, Sri Aurobindo dit que l’athéisme était nécessaire pour contrebalancer les religions qui avaient fait tant de dégâts 1 !... Et c’est pour cela que d’employer le mot Dieu est fâcheux. Souvent, je dis "Vérité", souvent je dis "Conscience suprême", mais je sais parfaitement bien que ce n’est pas ça. »
Tome 13 de 1982*. Entretien du 6 mai 72, p. 177. « Il faut que l’ego soit remplacé par la conscience divine – ce que, moi, j’appelle la conscience divine ; Sri Aurobindo, lui, disait, "supramental" ; nous pouvons dire supramental pour qu’il n’y ait pas de malentendu parce que dès que l’on parle du "Divin", les gens pensent à un "Dieu" et ça gâte tout. Ce n’est pas ça. »
Tome 13 de 1982*. Entretien du 19 juillet 72, p. 227. « [...] : c’est ÇA. Moi, je l’appelle la "Conscience Suprême" parce que je ne veux pas parler de "Dieu".
[L’interlocuteur :] Ah ! oui !
[« La Mère » :] C’est plein... le mot lui-même est plein de mensonge. Ce n’est pas ça, c’est... Nous SOMMES – nous SOMMES le Divin qui s’est oublié Lui-même. Et notre travail, le travail, c’est de rétablir la connexion – appelez-le n’importe comment, ça n’a pas d’importance. C’est la Perfection que nous devons devenir, c’est tout. »

 

CONCEPTIONS D’AUROBINDO ET DE « LA MÈRE » À PROPOS DE CE QUE DÉSIGNE LE MOT DIEU DANS CERTAINES RELIGIONS

Livre : La Vie divine, Sri Aurobindo, Paris : Éditions Albin Michel, traduction, française par Jean Herbert, tome 3, 1958*. (Passages publiés la première fois dans la revue indienne Arya, en 1918*.)

P 1009, chap. 44. « Il y a en premier lieu cette idée que l’on trouve dans certaines religions, idée qui a longtemps persisté mais qui est maintenant fort ébranlée ou discréditée, selon laquelle l’homme est un être créé tout d’abord sur la terre comme corps matériel vivant et en qui une âme divine nouvellement née est insufflée ou avec qui cette âme est associée par le fiat d’un Créateur tout-puissant. Épisode solitaire, cette vie est pour l’homme l’unique occasion d’aller vers un monde de béatitude éternelle ou vers un monde de souffrances éternelles, selon que le bilan ou la résultante générale de ses actes est bon ou mauvais, [selon] qu’il accepte ou rejette, connait ou ignore un credo, un culte ou un médiateur divin particuliers, ou encore soit selon le caprice arbitraire et prédestinant de son Créateur. Mais c’est là la théorie supraterrestre de la vie sous sa forme la moins rationnelle de credo ou de dogme qu’il est facile de mettre en question. »
« fiat » : décision.

P. 1114, chap. 48. « [...] d’autres hypothèses. L’une d’entre elles est l’ancien mythe religieux, le mystère dogmatique d’un Dieu qui crée constamment des âmes immortelles hors de son être propre ou encore par son "souffle" ou puissance de vie qui pénètre, à ce qu’on doit supposer, dans la Nature matérielle, ou plutôt dans les corps qu’il crée dans cette nature, et qui vivifie intérieurement ces corps avec un principe spirituel. En tant que mystère de la foi, cela se suffit et n’a pas à être examiné, car les mystères de la foi ne sont pas destinés à être mis en question ou mis à l’étude. Mais pour la raison et la philosophie, cette hypothèse n’est pas convaincante et ne cadre pas avec ce que l’on sait de l’ordre des choses. Elle implique en effet deux paradoxes qu’il faudrait justifier davantage avant même qu’on puisse les prendre en considération : en premier lieu la création d’heure en heure d’êtres qui ont un commencement dans le temps, mais aucune fin dans le temps, qui en outre naissent par la naissance du corps, mais ne meurent pas par la mort du corps ; en deuxième lieu, le fait que ces êtres assument une masse toute préparée de qualités, vertus, vices, capacités, défauts, avantages et handicaps provenant en particulier de leur tempérament, qu’ils ne produisent pas du tout dans le cours de leur croissance, mais qui sont groupés pour eux par un fiat arbitraire – sinon par la loi de l’hérédité – et dont pourtant le Créateur les rend responsables, comme aussi de l’usage qu’ils en font. »
Aurobindo décrit une conception, qu’il nomme hypothèse, et il parle donc d’un prétendu « Dieu » et d’un prétendu « Créateur ».

Mais dans la conception qui est celle d’Aurobindo et de « la Mère », il y a un être supraphysique qui correspond au prétendu dieu créateur, sauf qu’il n’est pas cela (qui n’est pas considéré exister) quoiqu’il ait affirmé l’être afin de dominer, de se faire obéir des humains qui existaient déjà avant son affirmation.

Voici deux extraits de paroles de « la Mère » dites en commentaires d’écrits d’Aurobindo, et tout est dans le livre suivant : Pensées et Aphorismes de Sri Aurobindo (traduction et commentaires), Pondichéry : Sri Aurobindo Ashram, deuxième édition en 1979*. (Première édition en deux tomes, en 74 pour le premier, en 76 pour l’autre.)
Aphorisme n° 58. P. 124, dit le 11 mars 61. « Cet occultiste dont j’ai parlé disait que la traduction vraie de l’histoire de la Bible (du paradis et du serpent), est que l’homme a voulu passer d’un état de divinité animale, comme les animaux, à l’état de divinité consciente par le développement mental (et c’est cela le symbole, quand on dit qu’ils ont mangé du fruit de l’arbre de la connaissance). Et ce serpent (il disait toujours que c’était un serpent irisé, c’est-à-dire qu’il avait toutes les couleurs du prisme), ce n’était pas du tout l’esprit du mal, c’était la force évolutive – la force, le pouvoir d’évolution – et que, naturellement, c’était le pouvoir d’évolution qui les avait fait gouter au fruit de la connaissance. Et alors, selon lui, Jéhovah était le chef des asoura, le suprême asoura – le dieu égoïste qui voulait tout dominer et que tout soit sous son contrôle – et du moment où il a pris la position de seigneur suprême par rapport à la réalisation terrestre, il ne lui a pas plu, naturellement, que l’homme fasse ce progrès mental qui lui donnerait une connaissance lui permettant de ne plus lui obéir ! Ça l’a rendu furieux ! Parce que cela permettait à l’homme de devenir un dieu par le pouvoir d’évolution de la conscience. Et c’est pour cela qu’ils ont été chassés du paradis. Il y a beaucoup de vérité là-dedans, beaucoup. »
Aphorismes n° 414 à 420. P. 387, dit le 24 mars 70. « Jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans environ, je ne connaissais que le Dieu des religions, le Dieu tel que les hommes l’on fait, et je n’en voulais à aucun prix. Je niais son existence mais avec la certitude que si un tel Dieu existait, je le détestais. Vers vingt-cinq ans j’ai trouvé le Dieu intérieur et, en même temps, j’ai appris que le Dieu décrit par la plupart des religions d’Occident n’est nul autre que le Grand Adversaire. Quand je suis venue dans l’Inde, en 1914, et que j’ai connu l’enseignement de Sri Aurobindo, tout est devenu très clair. »

Ce que « la plupart des religions d’Occident » (dont font partie les groupes de religions moïsines, chrétiennes et mahométanes) nomment par le mot Dieu (dit Créateur de l’univers et Dieu le Père) ou un équivalent en d’autres langues, est ce que ces mêmes religions appellent le Diable. C’est le menteur qui inventa l’idée d’un tel Dieu créateur, en déclarant l’être, afin de dominer les êtres humains, de s’en faire adorer, et de jouir de cette situation.
Est-ce que les membres des religions en jeu qui s’illusionnaient à propos d’Auroville et agissaient en conséquence de la manière mauvaise qu’ils appelaient soutenir vont continuer cela ? Ne plus continuer serait favoriser le développement d’Auroville et de tout ce qui va avec.
Un combat existe. Chacun choisit son camp, même lorsque c’est fait avec beaucoup d’inconscience et d’illusion.

 

 

CHAPITRE 32
AFFIRMATIONS DE « LA MÈRE », MIRRA ALFASSA, SUR AUROVILLE

 

Les citations suivantes proviennent du livre titré Paroles de la Mère I. Textes en anglais dont voici la traduction.

Du 28 février 68. P. 208 : « Auroville la cité au service de la Vérité ».
La signification de ce dernier mot est désormais compréhensible.

P. 212, de février 68. « Auroville
Enfin un endroit où l’on pourra ne penser qu’à progresser et à se surmonter soi-même.
Enfin un endroit où l’on pourra vivre en paix, sans conflits et sans rivalités de nations, de religions et d’ambitions.
Enfin un endroit où rien n’aura le droit de s’imposer comme vérité exclusive. »
Pour qu’il n’y ait pas de conflit à propos de nations, il faut qu’aucune d’elles ne veuille y imposer sa loi : « Auroville n’appartient à personne en particulier ».
Pour qu’il n’y ait pas de conflit à propos de religions, il faut qu’il n’y en ait pas dans Auroville, ce qui fut expressément indiqué par des affirmations claires de « la Mère », et qui découle d’ailleurs de la nature même de cette ville en tant que faisant partie du processus de manifestation supramentale.
Pour qu’il n’y ait pas de conflit à propos « d’ambitions », il ne faut pas que des prétentions égocentriques de certains individus aient le champ libre.
L’absence de « vérité exclusive » ne signifie pas qu’il faudrait accepter n’importe quoi, spécialement tout ce qui est évidemment contraire aux affirmations claires de « la Mère ».
Si des causes de conflit existent dans Auroville, quoi qu’elles soient, il est normal qu’il y ait des conflits.

 

 

CHAPITRE 33
28 FÉVRIER 68, APRÈS LA FONDATION

 

Livre de Jhavéri. Texte en anglais dont voici la traduction.
P. 129. « Plus tard, dans l’après-midi du 28 [février 68], j’amenai Salah-El-Din Tewfik à la Mère. [...] Ils communiquèrent en silence. Ensuite, Elle nous donna les roses.
[…]
Après la célébration [de la fondation d’Auroville] et un déjeuner, les jeunes furent convoqués à une discussion dans l’après-midi. […]
Dans la soirée, une deuxième assemblée générale exista, au cours de laquelle M. Tewfik s’adressa au rassemblement. Il souligna le but d’Auroville – l’Unité humaine - et passa en revue ses caractéristiques prometteuses. Il décrivit comment l’Unesco s’efforçait d’instaurer la paix, l’unité et la coopération par la science, la culture et l’éducation. Citant [P. 130.] La Charte de l’Unesco, il dit : "Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix." Puis il parla de certains des objectifs communs à Auroville et l’Unesco pour lesquels une collaboration mutuelle était nécessaire. »

Tewfik omit l’essentiel : « pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine ».
Vers le début du présent texte, il y a un chapitre à propos de l’Unesco, de paix et de guerres.
L’agitation mentale à propos d’unité humaine et de paix qui avait été lancée à propos d’Auroville ne s’arrêta plus et augmenta.

 

 

CHAPITRE 34
À PARTIR DE MARS 1968*, PRÉPARATION, PAR LES DEUX MÊMES PERSONNES, DU TEXTE DESTINÉ À DEVENIR LA DEUXIÈME DÉCISION DE L’UNESCO

 

Livre de Jhavéri. Texte en anglais dont voici la traduction.
P. 137. « Le 21 février 1968 […]. […] En mars, je parlai à la Mère de mon idée d’aller à Delhi rencontrer Sat [Adiseshiah] pour mon travail concernant Auroville. Elle m’écrivit le 6 mars une lettre très personnelle qu’elle me demanda de ne pas révéler, en me donnant ses instructions pour guider mon action et mit le sceau de "tout son amour et ses bénédictions", ajoutant que l’idée d’aller à Delhi pour mon travail avec l’Unesco était bonne. [...] [P. 138.] [...] Donc, j’allai à Delhi et restai avec Mme Nadini Satpathy, alors Ministre de l’Information et de la Radiodiffusion. Je pris contact avec le Président de la Commission nationale indienne pour l’Unesco, M. Prem Kirpal, et discutai avec lui de la possibilité de promouvoir la Société [Sri Aurobindo] dans la catégorie d’affiliation B, ce qui lui conférerait un statut consultatif auprès de l’Unesco. Je travaillai aussi avec M. Tewfik pour une seconde résolution sur Auroville. Incontestablement, la Force de la Mère et son guidage pour tout furent concrètement ressentis tout au long de mon séjour et de mon travail à Delhi. »
Jhavéri ne rapporta pas ce que Prem Kirpal lui répondit. Est-ce qu’il lui conseilla d’attendre avant de demander à passer en catégorie B, surtout s’il existait une règle de l’Unesco qui imposait un délai.
Quoi qu’il en soit, cette demande ne fut faite qu’en octobre 69, c’est-à-dire environ deux ans et demi après l’affiliation en catégorie C.
Par ailleurs, les deux personnes qui avaient préparé le premier projet de résolution de l’Unesco s’occupèrent donc de préparer le texte d’une deuxième décision.

 

 

CHAPITRE 35
20 NOVEMBRE 1968*, DEUXIÈME DÉCISION PRISE PAR L’UNESCO SUR AUROVILLE : UNE RÉSOLUTION DE SA CONFÉRENCE GÉNÉRALE

 

LE PROJET INDIEN

Les textes de la version en français de l’Unesco sont employés.
Le projet de résolution rédigé par Tewfik et Jhavéri fut transmis au Gouvernement indien. Le modifia-t-il un peu ? Quoi qu’il en soit, il le déposa au Secrétariat de l’Unesco le 25 juillet 1968* comme indiqué sur le document qui le reproduisit. Il est référencé « 15 C/DR.69 », daté du 30 aout 68. Il se retrouva placé, classé, dans un chapitre titré « Information », et dans celle de ses sections nommée « Action en faveur des échanges dans le domaine de l’éducation, de la science et de la culture ».
Il fut indiqué que le texte faisait référence au paragraphe 1460 du document « 15 C/5 ». Ce document est le projet de programme présenté pour le début de la Conférence générale, auxquel des États membres proposent d’ajouter quelque chose, leurs projets de résolution, qui sont finalement acceptés ou non, tels quels ou modifiés.
Dans sa section titrée « Actions en faveur des échanges dans les domaines de l’éducation, de la science et de la culture », il y une partie qui est titrée « Déclaration des principes de la coopération culturelle internationale ». Son premier paragraphe est le 1460. Le voici complet. « On continuera à prendre des mesures pour faire largement connaitre la Déclaration des principes de la coopération culturelle internationale, qui a été adoptée par la Conférence générale à sa quatorzième session (1966). Des renseignements sur les dispositions prises par les États membres pour appliquer la Déclaration seront diffusés et serviront de base à l’élaboration de propositions relatives aux nouveaux domaines d’action qui seront abordés en 1969-1970. Cette documentation sera groupée dans une brochure sur la Déclaration, qui sera largement diffusée. (Programme ordinaire : $ 6.000). »
Auroville fut donc placée dans le cadre de l’Unesco et précisément dans le cadre de la Déclaration indiquée dont, dans un chapitre antérieur, il est montré ce qu’elle vaut. Est-ce que ce fut l’Inde ou la Directeur général de l’Unesco qui décida cela ? (Voir ce qu’il y eut dans la « brochure » indiquée.)

 

LA PROCÉDURE

La quinzième session de la Conférence générale de l’Unesco exista à Paris du 15 octobre 1968* au 20 novembre suivant.
Au cours de la procédure, le projet de l’Inde fut un peu modifié. Le groupe de mots « États membres, résolus à assurer la libre poursuite de la vérité » fut remplacé par « États membres, résolus à assurer la recherche de la vérité ». Le dernier alinéa du projet commençait par « Prie le Directeur général ». À la fin du document indiqué ci-dessus, « 15 C/DR.69 », c’est-à-dire après le projet il est écrit : « En ce qui concerne le dernier paragraphe de ce texte, le Directeur général suggère que le Gouvernement de l’Inde adresse une demande à l’Unesco au titre du Programme de participation ». Au cours de la procédure, cette suggestion fut suivie et ce dernier alinéa fut supprimé du texte. Par ailleurs, celui-ci fut placé à un autre endroit du classement.

Les Actes de cette session furent publiés en 3 volumes.
Le premier contient les « résolutions » et les « rapports ». Dans sa partie « A. Résolutions », dans sa sous-partie « II Programme et budget pour 1969-1970 », dans sa sous-sous-partie « 4 Information », il y a la sous-sous-sous-partie « 4.0 Résolutions à l’adresse des États membres », où se retrouva classé le texte. Dedans il y a la sous-sous-sous-sous-partie « 4.02 » qui n’a pas de titre et qui est la résolution sur Auroville. Elle commence en bas de la p. 60 et se termine sur la p. suivante.
Le deuxième volume contient notamment les Compte-rendus des débats des séances plénières et montre (p. 1137 et 1138) que ce fut lors de la séance du 20 novembre 68 que fut adopté le projet de résolution qui devint la résolution.
Voici le texte commenté de cette résolution sur Auroville.

 

DÉBUT DE LA RÉSOLUTION

« La Conférence générale,
Rappelant qu’à l’occasion de la célébration du vingtième anniversaire de I’Unesco, la société Sri Aurobindo de Pondichéry (Inde) a pris des mesures tendant à la création d’une "cité culturelle" appelée Auroville, où des personnes de nationalités différentes vivront en harmonie les unes avec les autres et se livreront notamment à des activités de caractère éducatif, scientifique et culturel, et que la Conférence générale, lors de sa quatorzième session, a, par sa résolution 4.36, recommandé ce projet à l’attention de tous ceux qui s’intéressent aux idéaux de l’Unesco,

Considérant que les États membres, résolus à assurer la recherche de la vérité et le libre échange des idées et des connaissances, ont décidé de développer et de multiplier les relations entre les peuples, »
Le premier alinéa est commenté à propos de la décision de 66.
(Il y a des membres de religions qui considèrent que l’expression « recherche de la vérité » signifie recherche à avoir leurs croyances, rechercher à devenir membre de leur religion. Aucun pays à forte domination religieuse, que ce soit au niveau des principes, comme en de nombreux pays, ou en tant qu’élément contraire à ses principes, comme en France, et qui agit selon cette domination religieuse n’aurait pu sensément parler de « recherche de la vérité » puisque la religion dominante prétend l’avoir déjà, sauf si ça signifiait que les individus n’étant pas de cette religion dominante devraient chercher à en devenir adeptes.)
Le groupe de mots « assurer la recherche de la vérité » n’a pas la signification : recherche du supramental et contribution à sa manifestation car les représentants de pays ne la lui donnèrent pas.
Il est prévu d’agir avec ce qui est déjà là et bien connu, où il y a notamment des tyrannies religieuses.

Suite immédiate.
« Consciente de ce que, malgré les progrès techniques qui facilitent le développement et la diffusion des connaissances et des idées, l’ignorance du mode de vie et des coutumes des peuples fait encore obstacle à l’amitié entre les nations, à la coopération pacifique et aux progrès de l’humanité, »
Les mots « développement [...] des connaissances » ne sont pas incompatibles avec la conception qu’il y a une conscience supérieure, la supramentale, qui est en cours de manifestation, mais il est impossible que cette signification ait été placée dans le texte puisque l’Unesco n’admet que ce qui existe déjà, en prévoyant son développement.
Lorsqu’un pays a une très forte tyrannie religieuse, où notamment on opprime des individus qui voudraient vivre sans elle et où on tue les personnes qui déplaisent, il n’y a pas d’ignorance de cela par les autres peuples ou il finit par ne plus y en avoir, quoiqu’il puisse y avoir l’ignorance des actes les plus nuisibles qui s’y passent en secret. Par contre, l’existence de tyrans en un pays peut nuire aux relations avec d’autres pays qui désapprouvent cela. L’Unesco voudrait que de la bonne relation existe quand même avec les tyrans, de l’amitié avec eux ! Elle veut qu’on se soumette aux tyrannies. Le cas ci-dessus d’une très forte tyrannie religieuse n’est qu’un exemple de tyrannie. On peut penser aux peuples sans pays, et à ceux divisés en plusieurs pays par une frontière articielle créée par d’enciens peuples étrangers qui étaient venus s’imposer notoirement.
En ne parlant ici que des tyrannies religieuses, pour l’Unesco ce ne sont pas elles, même petites, qui empêchent des « progrès de l’humanité », c’est « l’ignorance », par les autres « nations », de leur conséquences en chaque peuple en tyrannie.

Suite immédiate.
« Prenant en considération la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Déclaration des Nations Unies concernant la promotion parmi les jeunes des idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples et la Déclaration des principes de la coopération culturelle internationale adoptée par la Conférence générale (1966), »
Trois textes sont indiqués et ils sont donc censés avoir un rapport avec Auroville. Ci-après il y a un aperçu sur une partie de chacun d’eux qui est très petite mais suffisante pour savoir ce qu’ils valent et ce que sont l’Onu et l’Unesco. Ce qui concerne le premier texte est plutôt long.

 

LES TEXTES INDIQUÉS DANS LA RÉSOLUTION

LA DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L’HOMME

Elle fut créée le 10 décembre 48 par l’Organisation des nations unies. Cet organisme est mauvais et on n’en dit ici que ce qui suit.
Les articles de cette Déclaration, c’est-à-dire la liste des « droits » et d’autres choses fut rédigée avant le Préambule, ce qui est une méthode à l’envers.
Tous ces articles sont censés être volontairement silencieux à propos de la notion de droits de l’Homme utilisée car ils résultèrent de compromis laborieux dus à la volonté de ne pas prendre position puisque les opinions des préparateurs du texte étaient très divergentes.
Les communistes tentèrent souvent de placer leur conception des droits de l’Homme. Un mois avant d’adoption définitive du projet, le représentant communiste polonais chercha encore à faire figurer dans la Déclaration le principe suivant : « l’octroi des droits est subordonné au respect des obligations ». Lorsqu’il y a un « octroi », par l’État-pouvoir public, de droits, c’est que ceux-ci sont des droits créés. Le mot « octroi » exprime la notion de droits créés. (Dans la conception communiste, ces droits seraient octroyés aux membres de la population concernée qui sont partisans du régime communiste.) Les communistes ne réussirent pas à placer leur conception. Leurs tentatives furent cependant presque insignifiantes par comparaison avec l’acharnement de chrétiens divers.
(Vouloir dominer est inhérent aux chrétiens divers car leur plus grand souhait, constamment répété dans leur prière principale, est celui de l’instauration du prétendu règne de Dieu sur la Terre, ce qui correspond au règne de leur religion, celle de chaque sorte de chrétiens.) Les chrétiens refusaient le compromis de neutralité mais voulaient absolument placer de la doctrine chrétienne comme fondement des droits énoncés dans la Déclaration. Le pire d’entre eux fut le papiste Charles Malik, réprésentant du Liban et Rapporteur de la Commission des Droits de l’Homme chargée des premiers travaux d’élaboration de la Déclaration. Les chrétiens cherchèrent d’abord à placer les concepts de « Dieu-Créateur » et de « droits » donnés par « Dieu », mais ce fut refusé. Ils se rabattirent sur le mot « nature » auquel ils donnaient la signification particulière provenant de la conception chrétienne du prétendu droit naturel, celle de nature créée par Dieu, et celui-ci est donc à l’origine des droits naturels. Selon cette conception, les prétendus droits naturels sont ceux admis par chaque religion. Si le mot « nature » avait été inscrit, il n’aurait pas pu avoir le contenu particulier donné par Charles Malik, spécialement parce que le représentant de l’Uruguay, le meilleur défenseur de la liberté de conscience lors de l’élaboration de la Déclaration – et l’un des très rares – s’opposa le plus possible à toute infiltration religieuse. (Ce représentant justifia sa position en annonçant que son pays était en régime de séparation d’avec les Églises mais il y avait aussi sa volonté de respecter cette situation juridique de son pays. Au même moment, la France était aussi une République en principe séparée des Églises, avec des conséquences et aussi des éléments contraires, mais ses représentants – moïsins et chrétiens divers – s’occupaient seulement de ne pas placer d’éléments religieux notoires, pas le mot « Dieu » par exemple, mais ils acceptaient une domination religieuse hypocrite.) Finalement le mot « nature » fut rejeté afin de ne pas exclure la conception des communistes qui pensent que c’est l’État, c’est-à-dire le pouvoir public central, qui donne les droits. (D’un point de vue c’est exact mais c’est parce qu’on ne parle pas de la même chose : l’enjeu consistait à établir un texte relatif à des « droits de l’Homme ».)
Les articles ne continrent donc pas de notion de « droits de l’Homme ». (Établir une liste de droits sans que la notion employée soit connue avant est une aberation intellectuelle. C’est pour cela aussi que le texte est globalement mauvais et ne contient pas seulement une liste de droits mais aussi le produit atténué d’offensives chrétiennes de conquête. Tout ça n’est pas développé ici pour ne pas allonger.)
Après la rédaction des articles, les rédacteurs créèrent le Préambule. Les assauts de certains tyrans existèrent là aussi et ils réussirent partiellement.
D’abord, les « droits » indiqués dans la Déclaration sont présentés comme relevant d’un « idéal » « à atteindre ». Ils ne sont donc pas considérés existants déjà, et dont il faudrait seulement reconnaitre l’existence et respecter l’exercice, permettre celui-ci, cet exercice étant limité par l’obligation de respecter les droits des autres et leur exercice. Cette conception est dans le préambule de la Déclaration française de 1789*. (Les droits indiqués dans ce texte français sont dits « naturels » car ils sont fondés sur des besoins, et aucune explication de cette situation n’est indiquée, aucun fondement de ces droits n’est indiqué, car chacun à la liberté d’en penser ce qu’il veut. Avoir de tels droits naturels ne signifie pas qu’ils soient accompagnés par leur exercice car une tyrannie peut empêcher cela.) Selon la Déclaration onusienne de 1948*, l’enjeu consiste à se comporter selon les règles énoncées dedans comme étant « l’idéal », c’est-à-dire une production du mental, une conception à laquelle les humains devraient être rendus conformes. (En plus, d’après ce point de vue, une humanité imparfaite déciderait ce que devrait être une humanité parfaite !) En conséquence, les « droits » et « libertés » indiqués dans la Déclaration onusienne ne sont pas des « droits naturels » selon la Déclaration française de 1789* mais ils sont des droits créés.
La présence de cette notion ne fut pas perçue lors de l’élaboration du préambule et, finalement il y eut le constat de l’absence de notion de droits de l’Homme dans la Déclaration, et l’expression de la volonté d’en créer une plus tard, ce qui fut exprimé ainsi : « Considérant qu’une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir finalement cet engagement ».
Voici une citation onusienne extraite du livre suivant : Naissance et signification de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, par Albert Verdoodt, Société d’études morales, sociales et juridiques, Louvain-Paris : Éditions Nauwelaerts, 1994*. Préface de René Cassin. (Celui-ci fut l’un des élaborateurs de la Déclaration.) L’extrait concerne le considérant définitif numéro 7 qui, à l’époque de la parole rapportée, était le numéro 6 du projet. (Un considérant : nom de chaque alinéa d’un texte qui commence par le mot Considérant.] « Le paragraphe 6, selon M. Pavlov (U.R.S.S.) semble exiger que l’application de la Déclaration soit subordonnée à une conception commune de la nature des droits qui y sont contenus. Or les débats ont prouvé, selon lui, que les divergences qui existent entre les membres sur le terrain philosophique et idéologique ne les ont pas empêchés d’arriver à des accords satisfaisants en ce qui concerne l’application de ces droits. Madame Roosevelt (É.U.) lui fait remarquer que si l’on ne peut espérer atteindre immédiatement une conception commune de la nature des droits et libertés, cette communauté de vues n’en reste pas moins le but suprême à poursuivre. » (Fin de citation.)
Selon l’affirmation de madame Roosevelt, femme du Président étatsunien d’alors, le « but suprême » de la Déclaration ne consisterait pas à favoriser l’instauration d’un régime d’effectivité des droits et libertés indiqués, mais il consisterait à créer une « conception commune de la nature des droits et libertés ». L’enjeu ne consisterait donc pas à constater ce qui existe, à reconnaitre ce qui est naturel, projet simple qui avait été refusé. Même sans l’affirmation de madame Roosevelt, puisqu’il y a le souhait de créer une conception commune qui ne peut donc pas être celle de la Déclaration de 1789* favorable à la liberté, et qui peut donc ne pas satisfaire tout le monde, le placement du considérant n° 7 exprima une aspiration à une tyrannie attentatoire aux droits de l’Homme selon la notion de 1789* de ceux-ci, et il exprime cela. C’est un emprisonnement mental mondial dans une conception particulière qui est principalement recherché par la Déclaration onusienne de 1948*.
Le considérant n° 7 en lui-même ne permet pas de préciser ce qu’est cette conception. Par contre, ce qu’espérait madame Roosevelt est connu car elle était une autre des fanatiques chrétiens conquérants et elle ne ratait jamais une occasion d’agir afin d’accroitre la domination de sa religion. Les chrétiens divers qui n’avaient pas suffisamment réussi à introduire la domination du christianisme en général dans le texte de la Déclaration de 48, placèrent le considérant n° 7 comme un appel à cette tyrannie, comme une porte ouverte à lui.
Et ils réussirent plus tard, quoique de manière hypocrite, ce que voici.
En décembre 48, la Déclaration n’avait pas été conçue comme étant un texte juridique et ce sujet n’est pas developpé ici. La création d’un texte juridique fut reporté à plus tard et, finalement, il y en eut deux, chacun étant nommé Pacte. Ce sont les deux Pactes onusiens de l’année numérotée 1966 par tyrannie chrétienne et qui furent admis par des pays comme traités internationaux.
Dans le préambule de chacun, il y a notamment ceci : « Reconnaissant que ces droits découlent de la dignité inhérente à la personne humaine ».
D’abord, le nom « personne humaine » ne correspond pas à un fait objectif, les êtres humains. Il exprime une conception particulière de ceux-ci et, quoi qu’elle soit, sa présence dans un texte juridique est de la tyrannie puisqu’elle n’est pas admise par tous les humains. Le fait qu’elle ne soit pas indiquée exprime qu’elle provient des ténèbres, de l’hypocrisie, de la manipulation. Cette conception est chrétienne et ce sujet n’est pas développé ici. (Des êtres humains qui refusent de se considérer comme étant des personnes humaines et qui s’opposent à celles-ci qui agissent pour tenter de leur imposer leur conception finiront par entrer visiblement en guerre contre ces tyrannes, et ils seront forcément les vainqueurs, tôt ou tard.)
Qu’est-ce que la « dignité inhérente » à ce qui est objectivement chaque être humain ?
Les adjectifs digne et indigne impliquent l’existence d’une comparaison entre un élément particulier et un modèle considéré comme étant l’idéal y correspondant. Il y a donc plusieurs éléments. L’un est un fait objectif. Un autre élément est un critère, c’est-à-dire une référence à propos d’un sujet précis. Ce critère veut varier selon les individus ou les nations, et il est donc subjectif. Il est plus ou moins bon ou mauvais (notions parfois subjectives). Un autre élément est une comparaison entre le fait et le critère, pour constater les ressemblances et les différences. (Elle peut être plus ou moins réussie, ou bâclée, etc.) En conclusion de la comparaison, une appréciation est émise, qui peut varier selon l’individu qui apprécie, et qui est donc plus ou moins subjective. On ne développe pas davantage mais on indique seulement ceci. Un individu qui est digne pour quelqu’un peut être considéré par quelqu’un d’autre comme un traitre méritant la fusillade ou comme une personne ridicule. Les mots digne et indigne ne sont donc pas seulement nominatifs ou descriptifs car ils contiennent de la subjectivité : ils portent l’attention sur une idée plutôt que sur un fait.
Les noms dignité et indignité sont dans la même situation. Le premier peut correspondre à une fonction spéciale considérée comme prestigieuse : la dignité impériale, la plus haute dignité. Les deux mots peuvent être relatifs à des actions, à des aspects psychologiques, etc., considérés parmi les meilleurs ou les pires, etc. Le critère pouvant varier selon les individus, ce que quelqu’un considère comme étant une dignité peut être considéré par quelqu’un d’autre comme étant une indignité. Par exemple, la sanction française dite indignité nationale est relative à un comportemnt estimé indigne d’un membre de la nation. Dans le régime de Philippe Pétain qui exista en France pendant la Deuxième guerre mondiale, la collaboration notoire avec les Allemands envahisseurs nazis n’était pas considérée comme une indignité mais elle l’était par les opposants puis lors de la Libération. (Par ailleurs, comme déjà indiqué, face à un élément particulier et à une échelle particulière de valeurs, il y a aussi l’appréciation plus ou moins subjective du premier par rapport à celle-ci.)
La seule présence du mot « dignité » dans la Déclaration de 48 exprime qu’il y eut l’infiltration d’une idéologie particulière. Celle-ci, quoi qu’elle soit, ne pouvant pas être admissible par tous, elle implique l’existence d’une tyrannie.
Pour faire le plus bref possible, on ne dit rien sur la notion de porter atteinte à la dignité humaine.
En quoi une « dignité » pourrait-elle être « inhérente » à ce qui est objectivement chaque être humain ? Est-ce qu’elle pourrait être un élément constitutif de chaque humain que tous les humains auraient reconnu comme étant la meilleure partie de chacun d’eux et auraient appelé dignité ? Un tel constat et une telle appréciation n’existent pas encore et n’existeront peut-être jamais. En plus, il n’y aurait pas à appeler cela dignité puisque ce mot est porteur d’une notion subjective. La signification du mot onusien est donc obscure. Elle l’est car elle provient des ténèbres, des tyrans qui n’osent plus agir au grand jour.
Lors de l’élaboration de la Déclaration de 48, des chrétiens s’étaient occupés de conquérir le Préambule. Ils avaient voulu placer la formule « reconnaissance de la dignité inhérente », une de leurs armes en ce but. Si elle avait été admise, elle aurait signifié que les entités acceptant la Déclaration aurait reconnu que les humains avaient été créés par le prétendu dieu Dieu, et à son image (qu’est que ça pourrait signifier ?), et que ça les faisait avoir une dignité inhérente.
Comme déjà indiqué, en 66 les tyrans réussirent à placer que les « droits découlent de la dignité inhérente à la personne humaine ». (On comprend aussi la signification de « personne humaine » : la conception chrétienne de l’être humain implique que celui-ci a ladite « dignité inhérente ».)
Tout cela fut fait hypocritement, dans l’obscurité.
Par les tyrans, leur domination fut considérée établie suffisamment, vu les circonstances générales contraires. Alors, ils l’annoncèrent.
Ce fut fait à Téhéran. En ce lieu, l’O.N.U. organisa une Conférence internationale relative à des « droits de l’Homme » qui exista du 22 avril au 13 mai 1968*. Une Proclamation fut adoptée en Assemblée plénière lors de la dernière séance. Son article 2 est intéressant pour ici. Il concerne la Déclaration de 48 et le voici : « La Déclaration universelle des droits de l’homme exprime la conception commune qu’ont les peuples du monde entier des droits inaliénables et inviolables inhérents à tous les membres de la famille humaine et constitue une obligation pour les membres de la communauté internationale ».
Il y a trois éléments importants. L’un est ce qui concerne ladite « obligation » et rien n’en est dit ici. Un autre est que les « droits » sont dit « inviolables ». Pourtant, et apparemment, les droits qui sont évoqués sont très souvent violés, et c’est précisément pour y remédier qu’une protection apparut nécessaire. Quoi que soient les « droits » évoqués, l’emploi de l’adjectif « inviolables » à leur sujet est une erreur et une sottise. Ce mot sert-il à désigner une notion qui est acceptable mais qui serait mal exprimée ? Le mot imprescriptible existait déjà à propos des « droits naturels » selon la notion de 1789*. Si on avait voulu exprimer cette notion, il était facile de trouver ce mot. Par ailleurs, l’emploi du mot « inviolables », qui est contraire à la réalité, sans l’expliquer, ne peut qu’être l’effet d’une entreprise malhonnête, d’une magouille. Quelqu’un voulut introduire une notion nouvelle, à propos de droits spéciaux mais qui auraient d’abord l’apparence de droits pouvant sembler directement compréhensibles. Ces « droits » spéciaux seraient en relation directe avec la signification cachée de ladite « dignité inhérente » dont ils découleraient. Quelqu’un voulut introduire une notion nouvelle, mais en douce, en rampant dans l’ombre, car il savait que, si elle était annoncée ouvertement, elle serait refusée. Dans la Proclamation de Téhéran, le mot « inviolables » est placé avec le mot « inhérents » et, en plus, avant lui. Ce caractère inhérent n’est pas établi d’après la nature, mais d’après une conception particulière à propos de celle-ci, conception qui contient la notion de droits inviolables, où il est parlé de « famille humaine », etc. Il est certain que le mot inhérent fut employé à propos de quelque chose qui ne l’est pas. (Le nom « famille humaine » fut placé pour introduire une notion qui est le contraire de la réalité où il y a parfois des conflits dans les familles et où des actes nuisibles sont parfois accomplis sur d’autres membres.) Un autre élément de cette Proclamation de Téhéran est celui qui explique pourquoi il est parlé de celle-ci ici . La Déclaration de 48 y est dite exprimer la « conception commune » des droits. Dans cette Déclaration, l’absence de conception commune fut admise puisque la recherche de création de celle-ci fut annoncée. Puis il y eut les deux Pactes de 66 indiquant que les droits en jeu « découlent de la dignité inhérente à la personne humaine ». La conception chrétienne fut ainsi placée, hypocritement mais suffisamment au vu des circonstances générales contraires. Alors, les tyrans l’annoncèrent en 68, encore hypocritement il est vrai. (Ensuite, il y eut une Assemblée générale des Nations Unies au cours de laquelle, le 19 décembre 68, fut décidée la Résolution 2442 (XXIII) qui contient ceci. « Approuve la Proclamation de Téhéran 29 comme réaffirmation importante et opportune des principes contenus dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans les autres instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme ». Site internet de l’O.N.U. : un.org . Le nombre « 29 » est un renvoi à une note de bas de page qui, dans le texte cité, est placé en petits caractères et en position élevée. Puisqu’il ne fut parlé que de « réaffirmation » et des « principes », est-ce que ce qui concerne la « conception » fut aussi approuvé ? Littéralement, ce fut toute la Proclamation qui fut considérée réaffirmer cela et elle fut toute entière approuvée.)
Chacun peut comprendre pourquoi l’Église papiste en général aime beaucoup cette Déclaration de 48 et y fait souvent référence.
En plus, ce texte contient d’autres éléments attentatoires à la liberté de conscience,
À l’article 16, il y a ce qui ne correspond pas à un « droit de l’Homme » : « La famille est l’élément naturel et fondamental de la société ». C’est une sottise car c’est l’individu qui l’est. En plus, chacun devrait pouvoir constater qu’une société se développe aussi par ce que firent des individus ne vivant même pas en couple, hétérosexué ou homosexué. Par exemple pour la France, Jeanne d’Arc. Les chrétiens devraient penser au Jésus-Christ auquel ils croient.
Ici se termine ce qui concerne une petite partie de la Déclaration onusienne de 48 et qui devrait quand même permettre de savoir ce qu’elle vaut. D’ailleurs, ni elle ni les deux Pactes de 66 ne permirent de réduire les tyrannies religieuses là où il en existait. Ces textes n’étaient pas faits pour ça et servaient à les protéger et les augmenter.

 

LE DEUXIÈME TEXTE INDIQUÉ

Le deuxième texte indiqué dans la Résolution concernant Auroville est la « Déclaration des Nations Unies concernant la promotion parmi les jeunes des idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples ». Pour ici, ce texte n’a pas été lu.
Son titre suffit à faire percevoir qu’il relève de la niaiserie internationale dans laquelle se complaisent des tyrans qui se cachent sous les mots indiqués. La notion de paix n’est pas la plus haute. Si, au nom de la paix, on avait laissé les nazis conquérir et dominer sans les combattre, ils auraient pu finir, après avoir exterminé tous les individus leur déplaisant et tous leurs opposants, par créer une paix, celle de leur tyrannie. Par ailleurs, ladite paix dont parlent les papistes est celle de ladite paix en Jésus-Christ, qui correspond à la tyrannie complète de l’Église papiste, c’est-à-dire celle de tous les papistes, comme elle n’exista encore jamais, même aux pires moments passés de domination, et sur toute la Terre. Pour qu’il y ait la paix, au sens d’absence de guerres, il faut que, d’abord dans chaque pays, il n’y ait pas de causes de guerres civiles, c’est-à-dire qu’il faut qu’il n’y ait aucune tyrannie, religieuse, financière ou autre. Il faut aussi qu’il n’y ait pas de peuples opprimés par intégration forcée dans un autre. À propos de « respect mutuel », on n’a pas à respecter les tyrans de son pays. Concernant ladite « compréhension entre les peuples », quelques mots sont placés dans un chapitre antérieur.

 

LE TROISIÈME TEXTE INDIQUÉ

Le troisième texte indiqué dans la Résolution concernant Auroville est la « Déclaration des principes de la coopération culturelle internationale ». Elle est présentée dans un des précédents chapitres.

 

DANS LA FOULÉE, LE TRAITÉ CRÉATEUR DE L’UNESCO

Dans la foulée, en plus de quelques citations et réflexions présentées plus haut à propos de ce qu’est l’Unesco d’après son traité créateur, en voici d’autres qui sont aussi en relation avec le présent texte.
Selon le nom de l’Unesco (Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture), « l’éducation » et « la science » ne font pas partie de « la culture ». Que désigne ce dernier mot ? On comprend déjà que ce ne fut pas un esprit de clarté mentale qui fit créer ce texte, et il y a d’autres éléments qui montrent cela.
Dans le traité créateur, il est parlé d’absence de « distinction », au sens de l’ancienne signification (la seule qui devrait exister et qui redeviendra en vigueur) du mot discrimination selon la « religion » mais rien n’est dit à propos de conceptions non-religieuses ou antireligieuses concernant l’existence de l’univers, notamment de l’humanité. Celles-ci sont donc considérées comme mauvaises par nature et comme méritant d’être éliminées. Par l’emploi du seul mot « religion », c’est ce qui fut objectivement commencé à être fait dans ce traité par les pays qui le rédigèrent. Des distinctions peuvent donc être établies pour les partisans de ces conceptions autres que religieuses, qui sont mis en position d’infériorité et d’oppression, voués au rejet et à l’élimination. À l’époque, les pays communistes, à tyrannie athée, acceptèrent cela, que ce soit par manque de réflexion ou selon une conception spéciale.
Dans ce qui est nommé « culture » à propos de laquelle s’activerait l’Unesco, il y a certainement les religions, car que seraient au moins certaines desdites cultures de tous les pays non communistes si on en enlevait tout ce qui relève de religions !?
Est-ce les religions font aussi partie de ce qui est nommé, dans le traité sur l’Unesco, « savoir » et « connaissances » ?
En tout cas, « l’activité intellectuelle » dont il est parlé à l’article 1 concerne aussi des conceptions religieuses. Ça et tout ce qui va avec intellectuellement font partie de ce à propos de quoi l’Unesco encouragerait « la coopération entre nations ».
Par ailleurs, qu’est-ce qui est appelé, dans le préambule, « vérité objective » pour laquelle l’Unesco devrait assurer « la libre poursuite » ? L’Unesco admet les endoctrinements dans les écoles religieuses, certainement sans appeler cela endoctrinements, et ce sont les endoctrinés qui sont censés effectuer « la libre poursuite de la vérité objective ».
Il est notamment parlé de « la personne humaine », des personnes humaines. C’est pour cela qu’il est parlé à leur sujet « d’égalité » alors que les êtres humains, eux, ne sont pas égaux à propos de leur hauteur, de la taille de leurs pieds ou d’autres éléments de leurs corps physique, ni à propos de leur capacité de mémoire et de mille autres sujets. C’est donc une conception particulière des humains qui est présentée, et c’est à propos de cela qu’il est parlé de « dignité » et de « respect ». C’est de la tyrannie conceptionnelle et qui est religieuse et chrétienne. Notamment, il est voulu diffuser cela, le faire accepter par tous les humains, enrobé du verbiage de la bonne conscience facile, du verbiage de l’hypocrisie du genre justice, liberté, paix, compréhension internationale. (En France, au plus haut d’elle-même, son mot « égalité » signifie égalité en droits naturels selon la conception de 1789* et leurs conséquences.)
Par ailleurs, est-ce qu’une « personne humaine » est une « vérité objective » ? Non ! Comment des humains qui ne se conçoivent pas objectivement, mais seulement à travers une conception autant antinaturelle, pourraient-ils vraiment effectuer « la libre recherche de la vérité objective » ? Les personnes humaines (c’est-à-dire ceux des êtres humains qui se considèrent comme étant cela, conception qu’ils imposent aux autres) se limitent forcément, sont forcément entravées dans leurs recherches (si elles en font vraiment). Si elles disent que ce n’est pas le cas, c’est parce qu’elles ne savent pas que, sans leur enfermement mental, elles pourraient ou auraient pu davantage, et seraient davantage elles-mêmes au lieu d’être partiellement le résultat de l’endoctrinement, déformées, corrompues.

L’Unesco vit dans une monde d’idées sentimentales. Elles veulent prendre toute la place, anéantissant la signification ou la portée des idées plus hautes, et haussant ce qui est en-dessous et qui devrait y rester, protégeant les tyrannies et luttant contre leurs opposants.
L’Unesco vit dans une construction mentale, dans une prison mentale, qui est étriquée, et elle veut faire vivre le reste de l’humanité dedans.
Ce sont les pays fondateurs du traité concernant cet organisme, ainsi que ceux qui y adhérèrent après, qui sont les véritables auteurs de cela. Plus précisément, ce sont les individus qui sont en nombre majoritaire qui sont les auteurs. Encore plus précisément, ce sont les représentants et fonctionnaires qui sont payés pour s’occuper de cela qui le sont. Leurs partisans sont surtout des suiveurs. Dans tout cela il y a beaucoup d’insconscience.
Les partisans de l’Unesco qui lui sont internes ou externes encombrent la vie, la compliquent, l’alourdissent, la corrompent. Ils s’illusionnent, pensant bien agir.
Un glacis de bonne conscience facile est posé sur un fonds pas vraiment caché de tyrannies diverses.
Globalement, l’humanité a ce qu’elle mérite d’avoir, ce qu’elle crée.
Tout cela finira par être détruit, relégué dans le passé. Au cas, il y aurait quelque chose méritant d’être sauvé, ça pourra être repris.

 

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